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Mon traître

Sorj Chalandon

Le Livre de poche

  • Conseillé par (Librairie L’Arbousier)
    24 mai 2020

    Mon traitre

    Le traitre du journaliste et romancier Sorj Chalendon est Denis Donaldson, numéro deux de l’IRA. En 2005, quand le processus de paix est engagé, il avoue , lors d’un conférence de presse qu’il a trahi pendant vingt ans mais ne donne aucune raison. Le traitre du luthier parisien Antoine est Tyrone Meehan, haut-responsable de l’IRA. Le parcours est le même, la trahison semblable. Les noms sont différents car si on raconte une telle histoire à la première personne il faut changer l’innommable. Quand Sorj Chalendon apprend les aveux de Donaldson, il vient de rendre le manuscrit de la promesse, un livre qui traite de respect et de fidélité. Le choc est tellemnet immense qu’il entreprend d’en faire un livre, celui d’une belle amitié d’hommes dont il ne saura jamais si elle fût un seul instant vraie. Avant de terminer son récit Donaldson est assassiné sans qu’ils n’aient pu se revoir. Le personnage de Chalendon entreprendra, lui, un troublant voyage afin de fixer le regard de son traître. A lire aussi, l’article de Sorj Chalendon consacré à Denis Donaldson dans la revue XXI du mois de janvier 2008.

    D. C.


  • Conseillé par (L'Autre Monde)
    23 avril 2016

    Sois proche de tes amis, de tes ennemis plus proche encore

    Antoine ne trouve de réel but à l'existence que le jour où il se prend de passion pour l'Irlande du Nord, et surtout pour celui qui sera son père spirituel et sa plus grande douleur, Tyrone Meehan. Il vit pour l'Irlande, se rattache à la cause de l'IRA, se fâche avec ses amis français, n'existe que pour ses séjours irlandais, et se sent porté par son amitié avec son traître, qui l'éduque à la vie comme un père le ferait avec son fils. Il devient Tony, français d'origine, irlandais d'adoption. Et ce n'en est que plus déchirant, quand on voit tout ce qui fait sa vie s'écrouler, parce que pour lui l'Irlande, c'est Tyron Meehan.
    On a l'impression de savoir à quoi s'attendre, un titre sans équivoque, le fait que le "traître" soit désigné comme tel dès la première phrase du livre... on se forge une carapace et on essaie de ne pas trop l'apprécier. Mais voilà, le mal est bientôt fait, car il est charismatique. On ne peut s'empêcher de l'aimer, et on espère jusqu'au bout qu'il ne trahira pas. On en oublierait presque qu'il va trahir, qu'il trahit déjà. Et au milieu d'une phrase, asséné comme un coup de poignard dans le dos, le narrateur ne l'appelle plus par son nom, mais "mon traître". Mais ce n'est pas un simple traître, ce n'est pas le traître de l'Irlande, c'est le sien.
    Et pourtant, quand Tyrone trahit, on ne peut s'empêcher d'avoir pitié de lui. On sent qu'il est vieux et fatigué, avec le recul, alors que le narrateur nous donne toujours l'impression d'un homme jeune et vigoureux, malgré son âge. Mais finalement, on sent bien que vingt-cinq ans plus tôt, il était déjà à bout de force. On aurait presque envie de ne pas lui en vouloir, surtout quand, pour protéger "son français" (et on sent ici l'exclusivité entre les deux personnages), il dit qu'il s'en fout. À travers ces mots, on ressent l'amour sincère qu'il a pour Antoine, et qu'il ne lui révélera jamais, pas même quand le luthier lui demande si leur amitié a jamais été sincère, et que Meehan lui dit qu'il n'a pas sa réponse, ce qui est peut-être la trahison ultime.


  • Conseillé par
    27 octobre 2012

    Irlande du Nord

    Même sans lire la quatrième de couverture, j'ai trouvé dommage que le titre résume à lui seul le roman.

    Pour faire simple : Antoine, un luthier français, se prend de passion pour la cause papiste en Irlande du Nord. Lors d'un voyage, il rencontre Tyrone, personnage haut en couleur, qui le prend en amitié. Mais, vous l'aurez deviné, ce Tyrone est un traitre.

    Car nous sommes en Irlande du Nord dans les années 1980, et on ne rigole pas avec l'IRA, à cette époque-là.


    Alors bien sûr, j'ai retrouvé un peu de mon enfance au fil des pages : vieilles voitures, vieilles musiques et pulls torsadés. Et puis l'action se déroule en Irlande, il y fait froid et humide, brrrr.....

    Bien sûr, le roman raconte l'engagement d'un jeune homme dans une "guerre" qui n'est pas la sienne, allant jusqu'à se couper de ses anciens amis, et hébergeant clandestinement ses nouveaux "amis" de passage.

    Mais ce roman m'a paru bien triste aujourd'hui : le processus de paix balbutiant dans le roman est gage de tranquilité de nos jours ; l'engagement politique des personnages n'en apparaît que plus vain.

    Une lecture en demi-teinte, donc.

    L'image que je retiendrai :

    Celle d'anciens prisonniers revenant visiter leur prison, celle où est mort Bobby Sand.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2012/09/22/25146324.html


  • Conseillé par
    26 février 2012

    1977 : Antoine, luthier à Paris, découvre L’Irlande du Nord et Belfast. Il tombe amoureux de cette ville où le conflit avec les Britanniques fait rage et où la population se mobilise. Il fait la connaissance de Tyrone Meehan, un membre de l’IRA. Très vite, Antoine veut s’engager dans le combat, devenir un vrai Irlandais.

    Si vous n’avez pas encore lu Retour à Killybegs, je vous conseille fortement de lire ce livre en premier lieu.

    Quel plaisir de retrouver l’écriture concise de Sorj Chalandon ! Avec ce style qui colle comme une seconde peau à l’Irlande qui se bat et jamais ne renonce à ses fils emprisonnés, l’auteur nous amène sur le terrain de l’amitié et de la traitrise. Tyrone Meehan est le traitre de Denis. Denis éprouve du respect et de l’admiration pour Tyrone présenté par un ami commun. Tyrone Meehan, une figure de l’IRA qui a trahi pendant plus de vingt-cinq les siens. Denis raconte l’amitié naissante puis bafouée, la confiance qu’il éprouvait envers Tyrone, les engagements à la cause des indépendantistes et la beauté âpre de l’Irlande. A travers ce livre, Sorj Chalandon, journaliste qui a couvert le conflit en Irlande du Nord revient sur ses propres blessures.

    Il y a des lectures qui vous procurent des frissons dans le dos par le sujet et par l'écriture. Le traître en fait partie.
    Un livre émouvant que l’on ressent viscéralement !