Une toile large comme le monde

Pur et touchant

Shell n’est pas comme les autres enfants. Son univers est rempli d’une douce innocence où se mélange rêve et réalité, amour et cruauté. Un très joli conte moderne.

Sylvie Jeanne, lectrice.

Dans un monde ultra-connecté, que ferions-nous sans Internet ? C'est la question que se posent les personnages de ce roman, eux-mêmes très connectés. Aude Seigne nous sensibilise avec justesse à la pollution numérique (matériaux utilisés, consommation électrique...) et nous aide à questionner notre propre utilisation des réseaux, des outils informatiques.

Internet nous est devenu indispensable, nous l’utilisons parfois sans même nous en rendre compte, des métiers lui sont totalement dévolus, des vies entières en dépendent… Pourtant, Internet est fragile, et c’est ce que nous prouve Aude Seigne dans ce formidable roman, résolument contemporain !
Alors que des millions de mails et de données circulent sous nos pieds et au fond des océans chaque seconde, à travers des câbles qui détruisent notre écosystème, plusieurs personnages commencent à réfléchir à leur lien avec Internet. June, autoentrepreneuse qui vend ses produits via le net ; Oliver, libraire qui a besoin du réseau pour passer ses commandes et communiquer ; Evan, community manager ; Lu Pan, joueur de jeux vidéo professionnel ; ou encore Birgit, consultante toujours en déplacement pour prévenir les dangers écologiques d’Internet… Les histoires de chacun se lient peu à peu, évoluent dans une même direction, un but commun : mener une existence hors de la toile !
Une toile large comme le monde est un récit à la dynamique exemplaire, moderne comme une série télé, passionnant et regorgeant d’informations stupéfiantes ! Aude Seigne parvient à nous entraîner, aux côtés de ses personnages, dans ce projet complètement fou mais tellement tentant de ne plus vivre à travers un écran ! En avant pour la Grande Panne !

Imaginez, le temps d’une lecture, un monde sans Internet.

Plus de jeux en ligne (mais ça, tout le monde peut s’en passer), plus de réseaux sociaux qui nous font ressentir intensément notre solitude, mais aussi plus de livraisons de produits frais dans les magasins, plus de journaux télévisés.

Les personnages de ce roman se demandent comment faire pour couper efficacement et durablement l’Internet. Car c’est un gros consommateur d’énergie et un pollueur.

J’ai découvert les câbles sous-marins, les data-centers et leurs problèmes.

En revanche, je n’ai pas compris cette fascination pour les cargos et leurs cargaisons en conteneurs.

L’image que je retiendrai :

Celle du building au 60, Hudson Street à New-York qui abrite un data center.

C’est le troisième livre pour cette auteure suisse dont « Chroniques de l’Occident nomade » avait obtenu le prix Nicolas Bouvier du Festival Étonnants voyageurs (2011, Editions Paulette/Zoe). Comme pour son deuxième roman « Les Neiges de Damas », la trentenaire s’appuie sur ses expériences professionnelles passées pour nourrir une réflexion décalée  : comment vivre sans Internet ? Ou, plutôt, comment lutter intelligemment contre l’omnipotence du web (la « toile large comme le monde » du titre).

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FLIN, le personnage central de ce roman est aussi devenu celui de nos vies.
Sans lui, sans le réseau cablé qui nous relie au monde, nous n'existons plus.
Pénélope, June, Birgit, Lu Pan rêvent, comme d'autres, de s'en libérer.
Mais peuvent-ils délibérement anéantir FLIN et déconnecter le monde?
A cet instant, ils ne mesurent pas l'acte dramatique qu'ils accomplissent.
Comme tout bon roman d'anticipation, celui-ci nous oblige à penser notre monde contemporain.