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Simple / roman

Julie Estève

Stock

  • Conseillé par (le Carnet à spirales)
    30 octobre 2019

    Antoine Orsini est mort mais nul ne le pleure. Son enterrement doit se faire. Il se fait. Dernière à se pencher sur son cercueil, la Mère Biancarreli lui rend son hommage, « se racle la gorge, flanque le crachat dans le trou ».

    Le ton est donné. La scène inaugurale annonce la couleur, la teinte choisie par Julie Estève pour Simple. Antoine est le « baoul » de ce petit village corse, le simple, l’idiot, le pas fini. Il se raconte, narrateur attachant de ce court roman émouvant, avec son fidèle compagnon Magic. Cruel, l’homme sait l’être, assurément, endormi dans ses certitudes, apte à condamner avec comme seule justice, la trompeuse évidence. Le « baoul » fit de la tôle, quinze ans, pour le meurtre de Florence, son amie, sa seule amie, son amour de gosse. Un drame pour celui qui aime la liberté, la nature somptueuse car lui sait encore, dans l’innocence de sa différence, la beauté des choses, cette poésie endormie dans un bouquet de fleurs. Il rêve, le baoul, il rêve d’espace, de navettes, il parle aux spationautes dans sa petite cabine téléphonique, il rêve éveillé. Il a un pote, surnommé E-T, car sa tête est bizarre, ce seul pote. Tendre, le baoul l’est mais ses crises de violence, de désespoir sont énormes, incontrôlables. Ce sont celles d’un enfant non voulu, non souhaité, souffre-douleur d’un père apte à frapper, à crier, à insulter, coupable désigné de la mort de sa femme : « Dans ton crâne, c’est le désert des Carpates ! », disait ce père alcoolique. Le baoul parle, se confesse à sa chaise en plastique, cette chaise percée qui reçoit ses réflexions pertinentes sur les gens du village, sur la vie, la religion, la mort. On peut être baoul mais pas aveugle. Antoine est simple, certes, mais il reconnaît la bassesse dans les comportements humains, les braves et les couards, les vicieux et les purs, les escrocs et les sincères. Simple est un roman puissamment émouvant, cruellement réaliste, d’une écriture originale et inventive qui fait corps (et âme) avec son personnage singulier et pluriel. Une réussite.


  • Conseillé par (Librairie Coiffard)
    29 novembre 2018

    Conseillé par Stéphanie et Célia

    "Entendre ton rire qui lézarde les murs" ... "Entendre ton rire comme on entend la mer" ... chantait Renaud dans Mistral Gagnant.
    Le rire d'Antoine Orsini s'est éteint.
    "Antoine Orsini est mort et le soleil n'y est pour rien" écrit Julie Estève. De toute façon personne ne l'a jamais appelé Antoine ; c'était le baoul, le pouilleux, le bouffeur de mouches, le putois, le mongol, "il y a tellement de mots sales dans la langue française pour causer de moi" nous confie-t-il.
    Anto est l'idiot du village et c'est sa voix que le lecteur va entendre, la voix d'un homme que certains ne considèrent pas comme tel, un homme qui a été accusé du meurtre de la jeune Florence Biancarelli il y a vingt-neuf ans. Depuis, Anto a purgé une peine de quinze ans de prison.
    De retour au village, il vit dans une bicoque dans laquelle s'entassent des objets de toutes sortes accumulés au fil du temps.
    Et c'est bien le fil du temps que va dérouler "le baoul" en s'adressant à une chaise en plastique cassée sauvée in extremis de la benne à ordures. C'est à elle qu'il raconte son histoire par des flash-backs qui nous replongent dans les années 80 et au coeur de l'Homme et la violence du monde. Un grand coup de coeur.


  • Conseillé par (Librairie La Grande Ourse)
    3 octobre 2018

    Un récit original, d'une infinie justesse.

    Un extraordinaire récit à la première personne de "l'idiot du village", en plein cœur des montagnes corses.
    Une écriture entièrement originale et sensible. D'une infinie justesse !

    Coup de cœur de Sylvie.


  • Conseillé par (Librairie Comme Un Roman)
    28 septembre 2018

    Simple c'est Antoine Orsini. L'idiot du coin disent les villageois.
    L'histoire qu'il nous raconte avec son vocabulaire et son esprit confère à ce roman une note poétique en dépit d'un destin où la vérité est cruelle.


  • Conseillé par (Librairie Mots et Images)
    14 septembre 2018

    Coup de coeur d'Aude

    Avec ses mots à lui, Antoine raconte à sa chaise son passé, les difficultés de la différence, les regards mais aussi le meurtre irrésolu d'une jeune fille qu'il connaissait bien.
    Un roman prenant par le langage du narrateur et ce mystère qui parcourt le livre. Et une question: qu'a-t-il bien pu se passer?
    Aude.


  • Conseillé par (Librairie Clareton des Sources)
    3 septembre 2018

    Nous voilà plongé au coeur des montagnes corses. "Simple" c'est l'histoire d'Antoine Orsini dit "le baoul", personnage en marge de sa communauté, qui nous raconte les secrets de son village.
    Un roman qui sent bon le maquis!!!

    Conseillé par Chloë


  • Conseillé par (Librairie Papeterie Aux Lettres de Mon Moulin)
    1 septembre 2018

    Un éternel enfant

    Dans un village corse, Le Baoul est mort quelques années après sa sortie de prison.
    Le Baoul, c’est Antoine, un homme un peu étrange qui parle à sa chaise en plastique, un simple d’esprit qui a une mémoire sans faille et révèle la vérité sans filtre, ce qui souvent dérange dans cet endroit où tout circule très vite.
    L’idiot du village est un être fragile, sensible, vulnérable ; donc insulté, frappé, le bouc émissaire des autres habitants.
    Quand Florence, la fille Biancarelli de seize ans, est retrouvée morte, alors qu’elle était l’amie d’Antoine, tout semble accuser le jeune homme, il est le coupable idéal. Sans défense, il est incarcéré.
    Mais que s’est-il réellement passé ?
    Dans un langage drôle, simple, Antoine va nous raconter cette histoire à sa façon en menant sa propre enquête.
    Cet éternel enfant est un être touchant, poétique.


  • Conseillé par (Librairie La Buissonnière)
    1 septembre 2018

    Baoul

    Comment donner langue au baoul, l'idiot du village en Corse ? Par une langue inventive, heurtant parfois, drôle et acide, dérangeante aussi avec ses volontaires « accidents » narratifs qui traduisent les dérapages du personnage. Julie Estève réalise bien plus qu'un exercice de style, elle conduit par sa narration au plus proche de l'âme et des émotions d'Antoine, le simplet du village, rejeté par les uns, souffre-douleur des autres avant de devenir le bouc-émissaire de tous. Mais lui les regarde, voit ce monde cruel qui l'entoure, ce village et ses habitants dont il n'est pas le plus dupe ni le moins lucide. Un roman touchant, une belle réussite.


  • Conseillé par
    24 septembre 2018

    Un bouc émissaire facile

    Dans ce petit village corse, c’est le jour de l’enterrement d’Antoine Orsini, un homme que personne ne regrettera, surtout pas la mère Biancarelli crachant sur sa tombe. Elle a toujours vu en ce « mongole » l’assassin de Florence, sa fille retrouvée morte alors qu’elle n’avait que seize ans.

    Mais c’est Antoine, le « baoul », l’idiot du village qui va nous raconter son histoire dans son langage de simple d’esprit. Et ce langage c’est bien sûr la force et l’originalité du récit. Dans la bouche d’Anto, tout est normal, évident, sans filtre. Aucun jugement, aucune colère. Sa famille l’a toujours rendu responsable de la mort de sa mère lors de l’accouchement. Son père, un alcoolique violent n’hésite pas à l’en punir. Il trouverait presque ça normal. Ses seuls amis et confidents sont une vieille institutrice bien trop vite disparue, une peluche et parfois la jeune Florence.

    De l’enfance à l’âge adulte, chacun se joue de lui, le moque et bien évidemment l’accuse lorsque l’on retrouve le corps de Florence avec sa peluche dans les bois. Il fera quinze ans de prison. L’auteur déploie le récit gardant toujours le mystère sur les circonstances de l’accident.

    Derrière la langue du baoul, Julie Estève peint la méchanceté envers un bouc émissaire. Les habitants de ce petit village corse ne sont pourtant pas irréprochables. Mais il est toujours plus facile de rejeter le mal sur un pauvre innocent. Un village malsain qui tue aussi l’innocence de Florence, jeune adolescente, prête à tout vivre ses rêves de liberté.
    Bien évidemment, l’histoire du baoul et de Florence ne peuvent qu’émouvoir. Pourtant la langue du baoul ne m’y aide pas du tout. J’ai surtout ressenti de la pitié pour cet homme, regrettant l’insistance sur la saleté, la bêtise du personnage.
    Le langage ne fut pas une originalité suffisante pour faire de cette simple histoire une lecture mémorable.