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Et Frappe le père à mort

John Wain

Typhon

  • Conseillé par (Librairie Nouvelle)
    7 novembre 2020

    Prix Mémorable 2020

    Paru initialement en 1962, Et frappe le père à mort, titre inspiré de Shakespeare, est un roman majeur du courant littéraire des angry young men. Ce 5ème titre de l'écrivain John Wain nous place au cœur de l'Angleterre de la 2nde GM.

    Alfred Coleman est professeur de grec dans une université de province. Marqué par son expérience des tranchées, la vie est faite pour lui de principes et d'un amour de la culture porté au pinacle.
    Plus de refuge possible dans la religion après la boucherie certes, mais la civilisation du loisir n'a pas encore frappée aux portes du sévère professeur pour qui le travail passe avant le repos.

    Son fils, Jeremy, a été autant façonné par ce père rigide que par l'absence d'une mère. Il cherche à bien faire mais le piano le ramène inlassablement au jazz, un loisir "pas sérieux". Il décide alors un jour de prendre la clé des champs. La rupture est consommée, Jeremy devra cheminer seul, rencontrant d'autres figures tutélaires, Tim le manager mythomane, et surtout Percy, le jazzmen afro-americain virtuose du trombone.

    Cette querelle multiseculaire, l'affrontement d'un fils avide de liberté contre son père rigide et autoritaire dépassé par la vitalité de son enfant et par un paradigme de valeurs étranger à la civilisation qui l'a vu naître, se voit ici magnifier par des personnalités complexes refusant de transiger sur leur vision du monde.

    Ce roman polyphonique sur fond de Blitz et de jazz dans des boîtes de nuit enfumées, de Londres au Paris de St-Germain des Prés, est donc une franche réussite tant dans sa construction, alternant les points de vue d'Alfred, Jeremy et de sa tante Eleanor, que dans son discours prônant la rébellion mais aussi la réconciliation.

    Martin

    Le travail des éditions du Typhon vient d'être salué récemment par l'obtention du Prix Memorable qui vise à promouvoir le travail d'éditeurs tirant de l'oubli des textes importants.


  • Conseillé par (le Carnet à spirales)
    9 mai 2020

    Un texte écrit en 1962, Prix mémorable 2019 décerné par le groupement de librairies indépendantes Initiales qui récompense le texte « d'un auteur malheureusement oublié, d'un auteur étranger décédé encore jamais traduit en français, ou d'un inédit ou d'une traduction révisée, complète d'un auteur ». Un roman uppercut. L’histoire débute en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale. Jérémy Coleman, adolescent, orphelin de mère, reçoit l’éducation très stricte de son père, professeur de grec, qui élève son fils dans un carcan de principes étouffant. Le jeune homme passionné de jazz, ne supportant plus la discipline paternelle, fuit dans un Londres anéanti par les bombardements et jette le déshonneur sur la famille. Dans ce roman choral, chaque chapitre donne voix tour à tour principalement au père, au fils et à la vieille tante dépassée qui aide son frère dans l’éducation du gamin. Chacun raconte ses blessures, ses faiblesses, ses rancoeurs. Hommage à la musique, très présente dans ce roman, la musique qui relève, qui révèle, qui libère et émancipe. Histoire touchante d’un père et d’un fils qui ne se comprennent pas. Mais au final on est toujours le fils de son père et en vieillissant, Jérémy s’aperçoit qu’il finit par ressembler à ce paternel honni dans sa jeunesse.


  • Conseillé par (Les Oiseaux de nuit)
    1 novembre 2019

    "Si je ne pouvais pas vivre en révolté, à quoi bon vivre?"

    Ecrit dans les années 60, Et frappe le père à mort, dont le titre est tiré d'une réplique d'une oeuvre dramatique de Shakespeare, commence à Londres durant la Seconde Guerre mondiale et se poursuit dans l'immédiat après-guerre. Les bombes tombent sur la ville, c'est l'époque des tickets de rationnement et de l'enrôlement obligatoire dès 18 ans.
    Jeremy a 16 ans et un rêve tenace, devenir musicien de jazz. Son père, professeur de langues anciennes a d'autres ambitions pour lui, et la musique, qu'elle soit classique ou moderne n'est pas au programme.
    Jeremy lassé des disputes qu'il a avec son père, rongé par l'intolérance de celui-ci décide de fuguer et va se réfugier dans les pubs londoniens.
    il survit grâce à sa passion de jouer du jazz, jouer du piano, emporté, fasciné par le clavier et ses quatre-vingt-huit touches noires et blanches.
    Et frappe le père à mort est le roman de la colère, de la rage, de la révolte et de la détermination. C'est aussi le roman de la défiance des pouvoirs, de tous les pouvoirs, à commencer par celui du père, puis celui des autorités institutionnelles, puisque Jeremy refusera de faire son service militaire, ce qui à l'époque valait l'emprisonnement.
    Cependant ce roman de John Wain ne se résume pas qu'à une opposition frontale entre un père et son fils: " Si chaque génération semble toujours perdue aux yeux de la précédente, une trêve est possible quand les pères et les fils reconnaissent qu'ils portent en eux un peu de la souffrance de l'autre."
    Puis c'est la grande époque du jazz, le rythme qu'il apporte fait oublier le quotidien de la guerre et des privations. C'est de tout ceci dont est fait ce Et frappe ton père à mort. Sans oublier la bouleversante rencontre entre Jeremy et Percy, un jazzman noir américain, qui saura apporter à Jeremy la créativité, la technique et l'improvisation pour dérouler les lignes mélodiques des morceaux qu'ils joueront ensemble:" Percy a jeté un coup d’œil rapide autour de lui, comme pour se mesurer à nous une dernière fois. Puis il est parti, exactement en rythme. Je me souviens encore des premières notes qu'il a émises. Je m'en souviendrai jusqu'au jour de ma mort. Il jouait sur un ton incisif, avec une précision extraordinaire, et sa technique consistait à attaquer, attaquer, attaquer tout le temps. J'ai compris tout de suite pourquoi i préférait le trombones à pistons au trombone à coulisse ordinaire, parce que ça lui permettait d'avoir un jeu plus mobile et plus percutant...Chaque phrase était pour nous une source nouvelle d'inspiration, une porte qui s'ouvrait sur un monde dont nous ne soupçonnions pas encore l'existence. "