-
Conseillé par Sabine D. (Fontaine Luberon)21 octobre 2019
Rue Léon, Barbès, quartier de la Goutte d’Or, Paris 18ème arrondissement : Abad, 13 ans, d’origine libanaise, partage avec nous la vie de son quartier, une ville dans la ville où les habitants s’entassent les uns sur les autres comme un grand bain d’amour et un joyeux bordel. Nous sommes véritablement plongés, en apnée, dans le quotidien d’une rue-monde où l’odeur des poubelles se mêle à celles d’éclopés, de cassos et d’âmes fragiles qui y ont trouvé refuge. Nous rencontrons des personnages, riches en couleur et chers à Abad : « Gervaise », prostituée africaine, « Shrek », psy qui aide à « s’ouvrir dehors », « Batman » charmante et énigmatique jeune voisine de l’immeuble d’en face, source de fantasmes érotiques et d’émois amoureux… Tour à tour, l’auteure donne la parole à ces âmes, suspendues les unes aux autres sans jamais se croiser, dans une langue truculente, vibrante, chaude et chaleureuse. Abad représente le lien dans cette addition de vies sous le béton, une véritable école de la vie pour un garçon de son âge qui fait les 400 coups. La force et l’inventivité de ce premier roman résident dans la mise en contexte de ces misérables des temps modernes, dépeints avec une gouaille réjouissante nous transportant entre rires et larmes. A découvrir !
-
Conseillé par Betty D. (Librairie La Buissonnière)2 août 2019
Abad ou la vie devant soi
Roman dont la narration fait la part belle à la spontanéité et à l'oralité. À l'image du quartier parisien de Barbès en perpétuel mouvement, tumultueux et turbulent, le jeune Abad traîne ses tourments quotidiens d'adolescent audacieux, espiègle, bienveillant pour ses pairs, avide de vivre et de grandir et de sortir de la misère sociale. Hommage déguisé à Françoise Dolto qui place sa patience et son écoute auprès de cet enfant en désarroi sans jamais juger tout en essayant de le faire avancer et de le remettre sur la voie. Ce roman est aussi drôle que bouleversant, un tourbillon de la vie : "Abad ou la vie devant soi".
-
Conseillé par o n l a l u29 septembre 2019
Truffaut version Goutte d'Or
« Ma tête ne s'arrête jamais. Je dors plus, je cours (...) je descends la rue
Léon comme un ninja (...). Je suis la ligne du métro aérien. Je cours, tête en
l'air en regardant la lune et espérant la rejoindre vite (...). Je cours pour
essayer de rejoindre ma tête. Ça me répare un peu » : ainsi s’exprime Abad, le
narrateur. Cet adolescent héros tragi-comique, c'est un Antoine Doinel des
«Quatre cents coups» version putes tabassées, frères musulmans, crack et
violences urbaines quotidiennes. Version contemporaine donc et, à quelques
pâtés d’immeubles crades et de rues puantes de la place Clichy chère à
François Truffaut. Bienvenue à la Goutte d'Or, quartier parisien à nul autre
pareil. L’auteure, comme son « père culturel » de cinéma, montre cette même
tendresse inouïe pour les territoires de l'enfance. Même croches, primo-
délinquants de pacotille et menteurs, leurs mômes sont de ceux qui bousculent
les mentalités et ravagent les cœurs.