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Les Abysses

Rivers Solomon

Aux forges de Vulcain

  • Conseillé par (Lettre et merveilles)
    6 avril 2021

    Se souvenir ou ne pas se souvenir ?

    Yetu est une Wajinru, un peuple sous-marin dont les lointaines ancêtres étaient les femmes africaines victimes du commerce des esclaves, jetées par-dessus bord par les blancs et ayant donné naissance à de petits êtres mi-humains mi-poissons. Désormais parfaitement habitués à la vie dans les profondeurs, les Wajinrus insouciants profitent en paix de tous les bienfaits de l'océan. Hormis un individu, l'Historienne, gardienne du passé et des souvenirs de son peuple. En elle existent les esprits de tous les Wajinrus trépassés, et tous les actes affreux dont ils ont été témoins. En acceptant cette mission, Yetu endure mille souffrances, mais préserve le reste de ses semblables de la douleur du souvenir. Jusqu'au moment où elle n'en peut plus et décide de partir. Sa fuite à la surface sera autant une découverte de la liberté qu'une profonde remise en question.

    Rivers Solomon, que l'on connaissait déjà pour son remarqué L'Incivilité des Fantômes, nous offre ici une mémorable réflexion sur le poids de l'Histoire et de l'héritage de son peuple. Dans les années 1990, le groupe électro Drexciya imagine le mythe d'un peuple sous-marin descendant d'esclaves noirs, concept que reprend le groupe hip-hop clipping. en 2017 dans un album appelé "The Deep". Reprenant le titre "The Deep" traduit par "Les Abysses" en français, Solomon apporte sa pierre à l'édifice cette fois par le prisme de la littérature et le point de vue d'une héroïne singulière, en conflit entre son devoir et ses désirs.

    Que faire de la connaissance de son passé ? Faut-il se rappeler, ou vaut-il mieux oublier ? Jusqu'où ce qu'ont été nos ancêtres doit-il nous définir ? Autant de questionnements pertinents que nous propose ce roman. Rivers Solomon nous plonge dans les océans pour réfléchir sur nos racines. En militante anti-raciste et queer affirmée, elle utilise la littérature pour porter ses convictions et poser les questions justes. A découvrir !


  • Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
    24 novembre 2020

    Que devenaient les femmes esclaves noires enceintes lorsqu'elles étaient jetées du bateau pendant la traite négrière ? Certaines ont survécu et sont devenues les Wajinrus, sorte de sirènes des abysses. Leur histoire traumatisante, cette population l'a oubliée. À l'occasion d'une cérémonie pour se souvenir, une fois par an, ils font appel à leur historienne, Yetu. Mais le passé peut parfois prendre le dessus et étouffer...
    Roman fantastique et mystique sur le devoir de mémoire, les traumatismes et les souvenirs. C'est surprenant mais incroyable !!


  • Conseillé par (Librairie Mots et Images)
    12 novembre 2020

    A découvrir d'urgence!

    Basé sur des faits réels : la traite des noirs et le génocide qui en découla, Rivers Solomon revient en force avec un roman, bien que court, extrêmement riche et dense.

    A travers le peuple des wajinrus, et Yetu, leur dernière historienne, l'auteur nous interroge sur le devoir de mémoire, sur sa transmission et l'impact sur les nouvelles générations. Il met habilement en place toutes les strates du prisme des émotions par lesquels l'histoire peut se révéler et nous piéger.

    Pouvons nous avancer en ressassant incessamment le passé ? Comment se construire si on ne se souvient pas ? L'histoire est trop violente et lourde pour n'être porté que par une seule personne. Se souvenir n'est jamais aussi évident qu'on ne le pense. Des thèmes forts, une lecture coup de poing !


  • Conseillé par (Le Bateau Livre)
    1 octobre 2020

    Social, mytique, urgent

    Les négriers ont jetés à l'océan des centaines de femmes noires, enceintes. Les noyées ont donné naissance aux Wanjiru, mutantes créatures nées de mères mortes et sauvées par la mer - peuple sirène, héritier d'une mémoire insoutenable.

    Rivers Solomon s'empare de ce bouleversant mythe afro-futuriste, issu de la scène underground nineties de Détroit, et elle ajoute à la dénonciation des exactions racistes et à la question obsédante de la mémoire, une touche de genre. Mythique !