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La mesure des larmes

Colombe Boncenne

La Passe du vent

  • Conseillé par (Librairie La Grande Ourse)
    8 février 2021

    La beauté des larmes

    Trois chapitres.
    Chapitre 1 : Quelques jours après la mort de sa mère, une jeune femme, Beatrix Filia, revient dans l’appartement de montagne où toutes deux passé d'innombrables vacances, d'hiver et d'été. Le patronyme du personnage, Filia, est transparent : Beatrix est une fille, une fille qui a perdu sa mère, comme elle préfère dire quand on l'interroge. Elle parcourt la montagne, s'épuise, se perd, se réfugie dans les cafés où les vieux racontent des légendes. Elle observe, voit la silhouette de sa mère dans le dessin d'une montagne et des blessures (les siennes) sur le tronc des arbres. Elle prend des notes et des photos pour une œuvre à venir, car Beatrix est plasticienne.
    Chapitre 2 : L’œuvre a vu le jour. C'est le soir du vernissage de l'exposition, Beatrix déambule parmi les invités, répond aux questions maladroites d'un journaliste, parcourt les textes du catalogue : « [Les œuvres de Beatrix] portent en elles des récits émouvants qui ne sont jamais imposés » est-il écrit. Les œuvres exposées sont belles : Un miroir incrusté dans une bloc de moraine glaciaire, c'est « Le lac aux larmes ». Une sculpture, en forme de carte en relief figurant les paysages que Beatrix a parcourus, c'est « Le chagrin ». Deux balançoires d'enfant, monumentales et condamnées à l'immobilité, qui n'ont pas de nom mais sont peut-être les plus émouvantes.
    Chapitre 3, très court : Beatrix revient une dernière fois vers la montagne. Mais le paysage « ne la console pas ».
    Les deux dernières pages sont une variation bouleversante sur les larmes, toutes les larmes que nous pouvons verser, larmes d'enfant, larmes d'adultes, et larmes d'émotion pure que « seule la musique peut provoquer », la musique qui peut-être seule peut consoler.
    Trois chapitres, pour dire le deuil d'une mère. A peine soixante pages, d'une gravité jamais pesante, d'une émouvante simplicité, et d'une confondante beauté.

    Jean-Luc