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  • Conseillé par (Fontaine Villiers)
    4 juin 2019

    Son père vivait dans une commune saint-simonienne, laissant à sa mère le soin d'élever les trois enfants. Ce fut une introduction précoce à l'insouciance et à l'hypocrisie masculines. On ne pouvait pas se fier aux hommes mais à cette époque tout était prévu pour en rendre les femmes dépendantes.
    Ce ne serait jamais le cas de Rosa. Son talent éclatant lui permit, encore jeune, de gagner très bien sa vie et vers 40 ans elle était le peintre français dont les œuvres se vendaient le plus cher, surtout à l'étranger.
    Elle bénéficiait d'une autorisation de la police lui permettant de porter pantalon en public pour les besoins de sa profession (elle faisait souvent des esquisses dans les foires aux bestiaux). Elle le portait chez elle aussi, enfilant vite une jupe en cas de visite inattendue. Ceux qui s'attendaient à une mégère hommasse rencontraient une femme courtoise et distinguée. Elle était fréquentable donc, à la mode même. Un jour, alors que la cour était à Fontainebleau, la princesse Metternich surgit à l'improviste, «entourée de jeunes hommes qui voltigeaient autour d'elle». Rosa ne fut pas impressionnée. Son amitié avec Buffalo Bill était célèbre, et une bonne publicité pour tous deux.
    On louait les qualités «masculines» de sa peinture, ce qui était un éloge, bien sûr. L'impératrice Eugénie lui remet la Légion d'honneur: «Le génie n'a pas de sexe », aurait-elle dit.
    Passée de mode, elle était remisée dans les oubliettes de l'histoire, et dans les réserves des musées, pendant plusieurs décennies. Vers 1980, à l'époque où s'ouvrit le Musée d'Orsay, on recommença à apprécier le travail de beaucoup d'artistes de son époque en dehors de l'Impressionnisme. Et Rosa est de nouveau reconnue et admirée, tant pour son œuvre que pour sa vie.
    La meilleure biographie de cette artiste, bien documentée et agréable à lire.