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Alger sans Mozart

Canési, Michel

Naïve

  • Conseillé par
    1 octobre 2012

    En 1954, Louise a 16 ans. Elle passe l'été chez sa soeur à Bougie avec son neveu Paul, d'à peine 2 ans son cadet. La vie est belle et insouciante dans cette Algérie française qui vit ses dernières années de paix. Quatre ans plus tard, tout a changé. Paul est mort est l'Algérie connait les premiers mouvements de contestation. Amoureuse de Kader, un algérien pauvre et membre du FLN, Louise est tiraillée entre sa famille qui milite pour l'Algérie française et son coeur qui désire plus que tout un pays libre et ouvert. Avec l'indépendance de 1962, tous les espoirs sont permis pour cette femme belle et téméraire, désormais mariée à Kader. Le pays découvre les joies de l'indépendance et le peuple algérien savoure la liberté de se gouverner lui-même. Séparée de sa famille qui a fui avec la vague pied-noir, Louise est restée dans le pays qui est le sien depuis toujours.


    Et puis le temps a fait son oeuvre, Kader s'est éloigné pour finalement partir, Louise a noyé ses chagrins dans l'alcool. Au soir de sa vie, il ne reste plus rien de celle qui avait la beauté de Rita Hayworth. Son neveu Marc, célèbre metteur en scène parisien, sur lequel elle a reporté tout l'amour qu'elle éprouvait pour Paul, ne vient plus en Algérie depuis belle lurette et c'est seule qu'elle passe ses journées dans l'appartement familial. Mais Louise la rebelle n'est pas tout à fait morte, elle continue de s'affirmer en écoutant Mozart, malgré les diktats des intégristes qui voudraient interdire la musique et elle retrouve un peu de joie en en compagnie de Sofiane, son voisin adolescent à qui elle explique l'Algérie qu'elle a connue et celle dont elle rêvait.

    Ecrit à quatre mains par un français et un algérien, Alger sans Mozart a le mérite premier de laisser la parole à tous les protagonistes de la guerre d'Algérie. Grâce à cela, l'on peut, avec Kader, prendre faits et causes pour les algériens réduits à la pauvreté et quasiment à l'esclavage par les colons français. Mais l'on peut aussi, avec Gérard, le beau-frère affilié à l'OAS, avoir le point de vue des pieds noirs qui voulaient à tout prix garder un pays qu'ils considéraient comme le leurs. On se rend bien compte que tout n'était pas noir ou blanc. Certains français étaient arrogants, d'autres ouverts à la culture algérienne. Certains algériens voulaient l'indépendance mais avec les pieds-noirs, d'autres voulaient chasser tous les français.
    Oui mais voilà, au milieu de tout cela, il y a Louise...un personnage que je n'ai pas réussi à aimer. De son adolescence avec ses amours à la limite de l'inceste à sa vieillesse aigrie, je l'ai trouvée mauvaise, fantasque, malsaine même, dans ses rapports aux autres.
    Par ailleurs, le personnage de Marc, réalisateur homosexuel, qui revient en Algérie surtout pour se refaire une image, ne m'a pas intéressée. Un peu too much pour être crédible, évidemment pas attachant et carrément imbuvable par moment.
    Reste Sofiane dont j'ai aimé l'Islam modéré, la qualité d'écoute et de réflexion mais qui tombe dans le cliché du jeune algérien qui ne rêve que d'Europe.
    Cela aurait pu être fort et bouleversant mais ce n'est pas mon ressenti. J'en garde tout de même la vision modérée de la guerre d'Algérie et de belles descriptions d'Alger la blanche, toujours debout malgré les cicatrices du passé.


  • Conseillé par
    31 juillet 2012

    1954, alors que l’Algérie connaît ses dernières heures de quiétude avant la guerre d’indépendance, Louise Baraka est une jeune fille française insouciante. Elle tombe amoureuse de Kader, un étudiant brillant sans le sou. Sa famille refuse cette union mais Louise éprise de l’Algérie et de Kader ne lâchera pas prise. Soixante plus tard, Louise vite terrée et seule dans son appartement délabré. Elle fait la connaissance de Sofiane, un jeune adolescent qui rêve de quitter le pays.

    A travers ce roman choral qui se déroule de 1954 à nos jours, on découvre l’Algérie à travers plusieurs personnages. Principalement Louise. Elle l’amoureuse de l’Algérie qui n’a jamais pu la quitter. Sans renier ses origines française, elle a toujours considérer l’Algérie comme son pays. La belle jeune fille a toujours soutenu son mari Kader devenu médecin même contre sa propre famille. Délaissée puis abandonnée par ce dernier, Louise ressasse ses souvenirs. Désormais, elle vit terrorisée dans une ville qu’elle ne reconnaît plus. Son neveu Marc producteur de cinéma vivant à Paris lui donne rarement des nouvelles. Suite au décès de sa mère, Sofiane un jeune adolescent algérien se rapproche de Louise. Quand il apprend que son neveu est producteur de cinéma, il voit une chance de rejoindre Paris et surtout d’accéder à une vie meilleure. Louise l’amène à réfléchir sur la place de la religion, sur les erreurs commises par les deux pays et les liens qui les unissent. Leurs différences, le vécu de Louise, l’intérêt calculé de Marc, tous ces points vont permettre à Sofiane de grandir, de se forger ses propres opinions.
    Si j’ai été extrêmement touchée par Louise et par son histoire, par Sofiane et par ses rêves, j’avoue que le personnage de Marc m’a laissée assez froide. Le personnage de Louise est la clé de voûte de ce roman, elle qui n’a pas peur de parler sans ambages d’extrémisme religieux.

    Les auteurs mettent le doigt là où ça fait mal mais avec intelligence. Les références historiques sont inclues avec le contexte et sans jamais essayer de sans donner de leçons . Surtout, ils donnent au lecteur toutes les pistes nécessaires pour qu’il puisse tirer lui-même ses propres conclusions et penser à ce que l'on appelle l’avenir.
    Ce livre est bel hommage aux pieds-noirs et ceux qui chérissent la liberté et la tolérance ! A découvrir et à faire découvrir autour de soi ! Un livre que j'ai refermé le cœur pincé ...