Les Silences des pères

Rachid Benzine à l'art de bouleverser avec peu de mots... Le narrateur découvre des cassettes audio enregistrées par son père lors de son décès. Loin de l'image du père taiseux apparaît alors l'image d'un immigré maghrébin à la fois engagé, assimilé mais aussi exploité. Loin des clichés d'aujourd'hui !

Un très roman beau, tendre et émouvant sur la figure d'un père venu du Maroc pour travailler en France dans les années 60 et dont le fils découvre à sa mort l'histoire qu'il ignorait jusqu'alors, une vie dont les silences se brisent à travers les enregistrements retrouvés d'une voix sur de vieilles cassettes audio. Quelle belle et touchante idée romanesque !

Encore un énième roman sur l'histoire d'un immigré de la première génération découverte et racontée par son fils ?
Oui et non. C'est surtout un texte plein de sensibilité, une déclaration d'amour de fils à leurs pères. Il s'agit aussi d'une chronique sur l'immigration et ses conséquences sur les générations suivantes. Avec en fil rouge la musique.
Mon premier coup de coeur de cette rentrée littéraire .

A la mort de son père, le narrateur de ce court roman retrouve des cassettes enregistrées dans sa jeunesse, à l'attention de son propre père. Il y raconte sa vie d'immigré du Maroc en France, son travail d'ouvrier, ses premières amours... Ainsi, le fils (re)découvre un père qui s'était enfermé dans les non-dits.
Rachid Benzine délivre un roman poignant sur la relation père-fils, ses concessions et ses silences.
Un coup de cœur !

Rachid Benzine nous offre à nouveau un magnifique portrait d'homme et plus largement d'une époque, au travers d'une écriture sobre et intime à la fois.

Rachid Benzine sait aborder les sujets les plus forts avec intelligence et finesse. Nous avions adoré son précédent roman "Voyage au bout de l'enfance" sur les enfants français abandonnés en Syrie. Cette fois, il retrace l'épopée d'un père marocain, exilé en France dans les années 60 où il va connaître les mines de charbon, les usines, les taudis, le racisme, sans jamais se plaindre. Toute son histoire est raconté par son fils qui s'était éloigné et qui, au décès de son père, retrouve des cassettes audio où cet homme silencieux raconte une vie. C'est un récit sensible et pudique sur les liens familiaux, et sur le sort fait aux immigrés en France hier, et aujourd'hui.

Vanessa

À la mort de son père, le narrateur découvre une liasse de cassettes audio où la voix de son père fait écho à son passé. Il remonte le cours du temps et rend hommage à cet immigré dont l'existence n'a été que dur labeur.
Les paroles de cet homme taiseux laissent entrevoir un être profondément humaniste, fidèle et combattif. Rachid Benzine continue de creuser le sillon familial après le sublime Ainsi parlait ma mère et le met en scène comme une suite musicale.
"Walter Benjamin écrit que le silence est une réponse au chaos du monde, une sorte de défi lancé aux aventures de la vie. Une passe, dans nos récits. C'est vrai. Le récit, celui de sa vie, mon père l'a conservé en secret. Il n'est jamais trop tard pour exhumer les souvenirs, leur sens."

Parfois, les silences en disent long, faut-il seulement savoir les déchiffrer.

C'est ce qu'Amine découvre alors que son père vient de mourir.

Un très beau texte sur la filiation. Rachid Benzine est toujours aussi juste avec les mots et les sentiments.

Laurence

Amine, très tôt, s’est éloigné de sa famille, de son milieu social et de ce père à qui il reproche son silence… A la mort de celui-ci, le fils devenu musicien de renommée retourne à Trappes. En vidant son appartement il découvre un lot de cassettes qui va l’emmener dans un road-trip à travers l’histoire de son père, cet inconnu dont il va faire la connaissance. Ce roman à l’écriture sensible m’a beaucoup émue, tant à la première qu’à la seconde lecture.
Valérie

A la mort de son père, un fils découvre des K7 dans lesquels la voix de son père révèle les secrets de son mutisme.
Un témoignage poignant qui permet de transmettre aux différentes générations toute la difficulté de la migration.
Profond, émouvant, les petites phrases coulent comme un ruisseau qui mène à la rivière… Indispensable !

La plume sensible de Rachid Benzine délivre une histoire de famille et au travers de celle-ci, une histoire de France parallèle, celle des ouvriers immigrés venus travailler à l'aube des trente glorieuses dans les mines, les usines ou le bâtiment. En résulte un formidable roman prônant le dialogue entre les générations.

Il en existe tant des pères taiseux et avares d'attention. Quand l'absence remplace le silence, le fils chemine des mines de charbon à Lens aux camps de harkis en Provence, sur les traces de ce père qui a vécu une vie avant lui et qui a marqué ceux ayant croisé son chemin. Alors, la voix ressurgit du passé, la lumière se fait sur les raisons de ce mutisme et la mémoire se trouve bouleversée.
Un très bel hommage au père, à tous les immigrés marocains venus en France, à leurs espoirs et à leurs sacrifices.

Coucou à tous,
Rachid Benzine fait renaître une voix afin qu’un fils retrouve le chemin de son passé.
“Je prie chaque jour pour vous retrouver.
J’espère que vous êtes fiers de moi. ”
Cinquante-six ans plus tard, son fils écoute cette voix d’avant lui, d’un homme jeune, comme lui maintenant. Cette voix raconte à son père et sa mère la dureté de sa vie, sa tristesse d’être loin d’eux. Elle les rassure pour qu’ils cessent de s’inquiéter.
D’une grande beauté, ce roman se lit aisément sachant susciter émotions et affections. Car, ces anciens “chibanis”, nous les regarderons différemment, leur redonnant la fierté dont ils ont droit.
Suite de la chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/09/10/rachid-benzine-les-silences-des-peres/