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Hold up

Patrick O'Neil

13ème note éditions

  • Conseillé par
    24 septembre 2013

    Le héros et l'héroïne.

    Je vais commencer par citer une phrase tirée d'une des introductions, celle signée de Bob Roberge :
    - Peu importe la vie qu'on a vécu si on peut en faire un livre formidable. Et O'Neil a produit ce livre formidable, né de la plus déroutante des vies.
    On l'aura vite compris, ce livre est en grande partie un récit autobiographique. Exercice des plus difficiles qui soit. Ne pas se transformer soi-même en héros ou en martyre d'une société qui vous a marginalisé.

    Une porte qui s'ouvre, enfin qui vole en éclat sous les coups de boutoir de la police serait plus près de la vérité et Patrick O'Neil se retrouve derrière les barreaux.
    Le décor est posé, alors revenons en arrière....Une vie qui commence somme toute normalement, un travail dans le monde de la musique avec les Dead Kennedys et le début des drogues dures. Puis la consommation qui augmente, les besoins d’argent aussi. Fin de la période musicale, en route pour New-York, mais retour vers des cieux plus cléments, enfin en terme de météorologie.
    Les drogues coûtent chères, de plus en plus chères quand la quantité augmente et c'est le cas pour la plupart des junkies. Alors c'est le début de la spirale et comme dit le proverbe, qui vole un œuf vole un bœuf. Qui braque un petit magasin d'alcools de quartier entraîné par son besoin d'argent s'attaque à une banque ! Mais parfois le poisson est trop gros et la corde trop tendue alors elle rompt... avec tous les désagréments que cela entraîne dans la vie des protagonistes de ce récit.
    Être donné pour mort par la police vaut-il de se donner la mort ? Un moindre mal, fuir L.A, mais sans fuir ses propres démons, c'est juste changer le problème de place !
    Le narrateur, personnage principal de ce livre, est Patrick O'Neil, drogué, braqueur, être marginal devenu auteur en décrivant sans fausse complaisance sa vie. Une réussite, un échec, rien n'est vraiment blanc, mais rien n'est non plus entièrement noir. J'ai une certaine sympathie pour ces romanciers américains en marge, parlant sans fausse honte mais sans gloriole de leurs existences enfermées dans la drogue ou dans l'alcool et parfois les deux ! Pour certains la rédemption viendra de l'écriture, pour d'autres hélas l'écriture ne changera rien.
    Jenny, sa jeune compagne de vie et de dope, demeure murée chez eux ; plus l'envie ni la force de tenter d'avoir un semblant de vie, elle aussi est envahie par un désespoir palpable.
    Chris, le meilleur copain, l'ami d'enfance sera assassiné, un choc pour Patrick, qui aura du mal à s'en remettre, des femmes, des musiciens connus ou pas hantent ce livre car certains sont juste des fantômes minés par la dope.
    Ce livre se déroule entre Las Vegas, 25 juin 1966 et et Los-Angeles le 25 juin 1997, avec un dernier chapitre nommé "Dernier jour revisité". Le premier chapitre lui est appelé " Dernier jour". Beaucoup de chapitres en fait, avec des appellations originales, "Quelque chose ne tourne pas rond", "Au pays du crédit l'argent est roi", "Savoir dire non" "Juste un fantasme" ou alors " Regards en arrière : Panorama des records d'angoisse".
    Dernière remarque, les ouvrages de cette maison d'éditions sont de beaux objets, très soignés, et quand un livre est bon et beau alors que demander de plus ?
    Ce livre ne pouvait que me plaire, merci à ces auteurs complètement hors des sentiers battus de la soi-disant grande littérature et merci aussi aux éditeurs pour les suivre dans leurs délires et d'oser publier leurs témoignages.
    C'est dur et réaliste, les scènes de manque font froid dans le dos, comment peut-on en arriver là ?