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La Vie est un tango

Lorenzo Lunar

Asphalte

  • Conseillé par
    17 octobre 2013

    Belle découverte!

    L'histoire prend place à Santa Clara, où l'on suit Léo, le commissaire du quartier dans une enquête loin d'être palpitante, qui se révèle être au final le point de départ d'une peinture de la société cubaine dans les années 90 : crime, prostitution, trafic de marchandises, drogue, pauvreté, sexe...

    L'écrivain réussit avec brio à nous décrire une société vivant de faux-semblant, d'idéaux et de nostalgie. Les personnages sont haut en couleur et très bien décrits. Il y a Fela, la mère de Léo, dont les souvenirs des années 50 sont encore très présents, Mayita, la prostituée pour laquelle Léo a un faible, Gordillo, l'indic cireur de pompes, Luisa, sa petite amie qui passe son temps à l'attendre...

    J'ai beaucoup aimé cette enquête de quartier qui cache en fait une peinture de cette société cubaine pauvre et pleine de naïveté sur leur quotidien, se voilant la face pour apprécier les petits bonheurs du quotidien, à savoir la bière et les prostitués à reluquer!


  • Conseillé par
    14 septembre 2013

    Roman policier noir qui met en scène Léo, policier de quartier.
    Je me suis sentie perdue au milieu de tous ces personnages et je n'ai pas réussi à entrer complètement dans l'histoire... .


  • Conseillé par
    18 juin 2013

    Si la vie était un conte de fées, Léo Martin aurait épousé Mayita, plus belle que jamais dans sa longue robe blanche. Lui flic, elle psychologue, ils auraient travaillé ensemble à éradiquer tous les fléaux du quartier. Au bureau, derrière un ordinateur, la petite Tania, fière et heureuse, aurait affiché sur les murs les tableaux de leurs fabuleux résultats : 0% de vols, 0% d'agressions, 0% de bagarres, 0% d'assassinats...Tous leurs amis auraient vécu heureux dans un quartier paisible et chaleureux.

    Mais la vie est un tango qui vous emporte dans son tumulte. Alors on improvise, sans connaitre à l'avance le pas suivant et le faux pas guette même le meilleur des danseurs. Et c'est encore plus vrai à Santa Clara qu'ailleurs...
    Mayita est une pute vieillissante et Tania une jeune pute qui vieillira un jour. Léo est commissaire du quartier qui l'a vu grandir mais il préfère fermer les yeux sur les combines, les magouilles, les trafics et sa vie sentimentale est un fiasco. Parmi ses amis, certains sont morts, d'autres en exil, et ceux qui restent survivent comme ils le peuvent à la misère d'un quartier qui vivote entre coupures de courant, pugilats et rationnements alimentaires. Mais quand deux hommes se font assassinés pour un sordide trafic de lunettes de soleil, Léo est sceptique et soupçonne qu'un autre type de marchandises circule dans le coin. Mais le sujet est tabou. Il n'y a pas de drogue à Cuba. C'est le Parti qui le dit et quand le Parti parle...Alors il enquête et découvre d'autres facettes d'un quartier qu'il croyait si bien connaitre mais que peut-être il idéalisait, aveuglé par les souvenirs de son enfance insouciante et de ses amours défuntes.

    Flamboyant, exubérant, terriblement vivant, le roman de Lorenzo LUNAR est certes noir, mais sait aussi se parer des couleurs de la vie Caraïbe. Des femmes plantureuses qui vendent leurs corps pour gagner quelques dollars, des travestis qui s'assument, des hommes qui se battent ou se torchent au Calambuco, des mères indignes ou trop inquiètes, et au milieu de tout ça, Léo martin, flic désabusé, empêtré dans ses histoires de coeur, tellement attaché à ce quartier pauvre où les gens s'aiment, s'entraident, se haïssent parfois, bref, vivent tout simplement, malgré la misère. C'est la réalité de Cuba, sans fards, sans belles américaines et plages de sable blanc. A lire sans modération!


  • Conseillé par
    14 juin 2013

    Après une ou deux rencontres ratées entre les éditions Asphalte et moi sans lien avec la qualité des livres qu'elles proposent, mais juste parce qu'ils ne me convenaient pas, en voici une belle, réussie. Je suis entré tout de suite dans ce roman noir et ne l'ai plus lâché jusqu'au bout : tout me va : le thème, le contexte géographique, l'écriture et le format condensé, 158 pages. Le thème : roman noir, policier sans violence, sans hémoglobine ou cadavre décrit avec minutie. Léo n'intervient que sur des petits trafics, ne voit pas tout ce qui se passe autour de lui, parce qu'il idéalise son quartier et qu'il vit sur ses souvenirs d'enfance. Il a été placé à ce poste de commissaire par un des cadres du parti, a été formé à La Havane puis est revenu travailler à Santa Clara.

    Son emploi n'est pas de tout repos, seul dans son quartier à en assurer la sécurité, qui lui a déjà valu la séparation d'avec Mariana et de ne plus beaucoup voir leur fille Yanet. Il est en train également de mettre en péril sa relation avec Luisa qui lui reproche ses absences et ne sait pas prendre de décisions quant à sa malsaine relation avec Mayita, la prostituée. Outre ces questionnements, Léo doit faire face à l'enquête demandée par son chef et va découvrir une facette de son quartier qu'il ne connaissait pas ou qu'il ne voulait pas voir. Cette enquête et la vie de Léo tiennent le lecteur jusqu'à la fin sans jamais d'ennui, d'envie de passer des pages, et lui permettent d'améliorer sa connaissance de Cuba. Le contexte géographique est finement décrit, on comprend aisément la difficulté de vivre dans un pays en crise dans lequel on ne peut pas toujours tout dire, dans lequel certains ne peuvent vivre que grâce aux trafics, au travail au noir, où la prostitution est quasiment le seul moyen pour certaines femmes de s'en sortir et de faire vivre leur famille. Fela, la mère de Léo est celle qui fait le lien entre l'avant 1959 et la vie actuelle sous Castro : les idéaux oubliés, la misère pour beaucoup : "Avant, une prostituée était mal vue. Sa famille la reniait. Elle devait oublier père, mère, frères et soeurs et faire sa vie seule, jusqu'à la fin. Maintenant, il faut voir avec quel toupet les mères racontent que leurs filles font le trottoir." (p.48), celle qui tente d'ouvrir les yeux de son fils sur l'état du pays, sur sa vie.
    L'écriture est directe, va droit au but et s'attarde peu sur les descriptions des paysages et des personnages, tout juste sait-on qu'untel est dégingandé ou bien au contraire gras ou qu'unetelle a un beau cul et de grandes jambes (les prostituées qui traversent le livre sont les plus décrites). Les tourments de Léo sont écrits également franchement : "Parfois, je me dis que mon problème, c'est la peur. La peur peut être héréditaire. Oui, j'ai la trouille. La trouille depuis cette fameuse nuit où j'ai vu le corps de Pinky porté à bout de bras, dans la foule, atteint par le coup de poignard mortel d'un délinquant. J'ai peur de subir le même sort. Peur de crever. Et peur de tuer aussi, parce que je suis convaincu que cela peut arriver un de ces quatre. Il suffit d'une détente sur laquelle appuyer ou d'une prise de karaté." (p.41/42)
    Pas de chichi dans le discours, le langage peut être cru, la violence est décrite, présente, quotidienne, celle des hommes frappant les femmes, celle des gens ne trouvant pas de quoi manger, celle des envieux de ceux ou celles qui "réussissent" fut-ce en vendant leurs charmes, ...
    C'est un roman noir social duquel sort peu d'espoir, les personnages semblent résignés, désabusés, englués dans des vies difficiles, dans un pays qui ne bouge pas. On ne peut pas dire que Cuba soit à la pointe de la démocratie et que les Cubains vivent dans l'aisance, ce qui ressort très bien de ce livre. Un très bon roman noir dans la lignée de ce que j'ai pu lire de Leonardo Padura, avec un côté plus actuel notamment dans le langage ; vous auriez tort de passer à côté.