Du côté des hommes

Sublime littérature que ce texte de Fabienne Swiatly. Du côté des hommes nous propose de suivre la vie d’une femme à travers les silhouettes masculines qui l’on traversée. D’homme en homme, de chapitre en chapitre, celle-ci se déroule sous nos yeux, morcelée, depuis le premier monsieur, malsain, qui se glisse certains soirs dans la chambre de la fillette de 4 ans jusqu’à ceux des histoires d’amour plus ou moins récentes, plus ou moins ratées…
Et des hommes dans la vie d’une femme il y en a de tous genres. Il y en a des fragiles, des homos, des petites frappes, des supporters de foot, des écrivains, des tarés qui vous frappent gratuitement au coin d’une rue en vous traitant de salope, des croyants, des camés, des amoureux derrière les barreaux, qui font du cirque, des rencontrés sur internet pour la nuit, des autostoppeurs allemands et des frères dépressifs qui mettent fin à leur jours… La liste est longue, parfois triste, parfois gaie mais toujours, sous la plume de cette femme, lumineuse !

La force de l’écriture de Fabienne Swiatly est de saisir en quelques lignes aussi bien un instant, qu’un épisode de quelques semaines. Ainsi, quatre pages suffiront pour revenir sur une histoire ratée avec un homme aimé durant quelques semaines au cœur d’une péniche rafistolée sur les quais de Saône, tandis qu’à peine une demi-page sera nécessaire afin de dire le miracle d’un homme qui bande au petit matin, ou décrire deux enfants qui apprennent à s’embrasser et arrêtent aussitôt que passe le marchand de glace... Voilà, l’art de Fabienne Swiatly tient à cette façon de tout dire d’une histoire en en disant peu. A peine installe-t-elle un décor que l’histoire est finie. Ne reste que l’éblouissement ou l’écho. C’est une force poétique pure !
Le désir inonde ce recueil, mais ce livre je l’ai lu aussi comme un livre d’amour d’une femme qui aime les hommes parce qu’elle leur pardonne vraiment beaucoup… C’est un livre qui répond finalement à la question suivante - et que pose l’auteure elle-même au début du livre : « mais qui parle vraiment des femmes aux hommes ? »

François Reynaud, Les Cordeliers (Romans-sur-Isère)