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L'ingénue scandaleuse
EAN13
9782280848923
ISBN
978-2-280-84892-3
Éditeur
Harlequin
Date de publication
Collection
Création pour reprise (433)
Nombre de pages
342
Dimensions
17 cm
Poids
178 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais

L'ingénue scandaleuse

De

Harlequin

Création pour reprise

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À cette époque...

L'héroïne de ce roman situé sous la Régence anglaise s'habille en garçon pour se rendre, seule et incognito, au port de Londres.

Le thème de la jeune fille travestie en homme est courant dans la littérature. On pense bien sûr à l'influence des mythes de femmes guerrières, Walkyries ou Amazones. Le travestissement a notamment été exploité dans les romans de chevalerie médiévaux comme Orlando Innamoramento et Orlando Furioso, ou La Jérusalem délivrée : Clorinde, Bradamante et Marphise sont de « fortes femmes » qui livrent bataille, armées de pied en cap, tels des hommes. On trouve une femme guerrière dans le Roman d'Antar, un récit de chevalerie arabe anonyme du XIIe siècle, ou encore dans la légende chinoise de Mulan, récemment popularisée par le film d'animation de Walt Disney, et dont la première version écrite est un poème daté approximativement de 500 après J.-C. Le manga japonais, également, exploite largement ce thème : le célèbre dessin animé Lady Oscar, issu du manga La Rose de Versailles, raconte ainsi les tribulations d'une jeune fille que son père a élevée comme un garçon afin qu'elle devienne un jour capitaine des gardes royaux de Sa Majesté.1

Assise sur un vieux fauteuil défoncé dans la cabane où l'on entreposait les pots de terre pour rempoter les fleurs, la jeune fille observait d'un œil plein de tendresse le garçon occupé à soigner une plante fragile. Elle portait des bottes de cheval par-dessus ses braies serrées au genou, ainsi qu'une chemise blanc crème aux manches relevées sous un tablier de toile grossière. Une écharpe cachait ses cheveux, qu'elle avait opulents et soyeux, et un observateur attentif aurait remarqué que malgré l'usure, ses vêtements étaient de belle coupe et devaient avoir représenté, bien des années plus tôt, ce qui se faisait de mieux en matière de mode masculine.

— Dieu que j'aimerais faire la collecte de plantes rares ou inconnues ! s'exclama-t-elle d'une voix pleine de mélancolie, admirant les gestes délicats et habiles du jeune homme.

Il avait les ongles noirs, mais elle n'en avait plus cure depuis longtemps, s'étant habituée à le voir travailler la terre. Elle ne se souciait pas non plus de son accoutrement, ni de l'état de ses mains, visiblement rugueuses.

— Rien ne t'en empêche, répondit-il. La lande en est couverte. Il suffit de bien regarder.

— Non, je parle d'explorer des pays lointains, de gravir l'Himalaya ou de parcourir la Chine à dos de chameau, ou le Mexique sur un baudet.

Elle se passionnait pour la botanique depuis le jour où, encore petite fille, elle avait vu Joshua Pershore, le jardinier de ses parents, passer des heures à soigner amoureusement ses fleurs et ses légumes.

— Les plantes sont comme des personnes, l'entendait-elle encore lui dire. Traitez-les bien et elles vous donneront des années de joie.

Le souvenir de son petit jardin l'émouvait presque à en pleurer. Elle repensait souvent aux moments merveilleux passés en compagnie du vieil homme, à apprendre de lui comment retourner la terre de son minuscule carré, en ôter les mauvaises herbes et l'amender avec soin avant d'y planter des graines ou des boutures. Elle se revoyait observer patiemment le cycle des saisons, se réjouir de la première neige, découvrir un matin avec bonheur la première pousse de jonquille, s'émerveiller de la splendeur des roses. Elle trouvait magique l'obstination des bulbes de tulipe à fleurir chaque année avant de s'endormir pour de longs mois sous la terre sans rien qui puisse faire deviner leur présence.

Toby partageait cette passion, et un lien très fort s'était créé entre les deux enfants, au point que, parfois, ils en perdaient le sens des réalités.

Elle rêvait d'imiter les grands botanistes, tel Joseph Banks, à qui Londres devait d'avoir fait du parc de Kew Gardens, où les Londoniens se promenaient en famille le dimanche, un jardin botanique extraordinaire. On pouvait y admirer une collection unique au monde de plantes exotiques rapportées des confins de la Terre par le grand homme à bord du navire du capitaine Cook.

D'autres explorateurs enflammaient son imagination, bien sûr, dont les découvertes changeaient chaque jour la face du monde connu : Francis Masson, qui connaissait mieux que personne la flore du sud de l'Afrique, et David Nelson, le successeur de Banks auprès de Cook, qui après avoir vu ce dernier mourir sous ses yeux, massacré par les indigènes sur une plage de Hawaii, avait embarqué à bord du Bounty du sinistre capitaine Bligh pour aller à Tahiti chercher l'arbre à pain, et regagné l'Angleterre avec son capitaine après la célèbre mutinerie des marins excédés par la cruauté de celui-ci.

— Tu n'auras qu'à épouser un homme riche, ajouta le jeune homme. Peut-être t'emmènera-t-il explorer le monde.

— Je préférerais partir avec toi.
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