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Le saint et la pécheresse
EAN13
9782809800050
ISBN
978-2-8098-0005-0
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Roman français
Nombre de pages
208
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
268 g
Langue
français
Code dewey
920

Le saint et la pécheresse

Archipel

Roman français

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  • Vendu par Librairie David Long
    État de l'exemplaire
    Très Bon Etat tres legerement jauni
    Format
    in8. 2008. Broché. 208 pages. Inlassable défenseur des mal-logés mauvaise conscience de notre société l'Abbé Pierre a laissé l'image d'un saint moderne aussi grand dans la colère que dans la charité. Et pourtant disait-il en tout saint il y a un peu de diable et en tout diable un peu de saint . On croyait tout savoir de ses coups de gueule et de ses coups de coeur. Mais qui connaissait l'homme de chair et de sang ? Il fallait bien de l'énergie pour rester animé d'une telle force un demi-siècle durant ! Où donc la puisait-il ? Sanda Slag qui fut de 1985 à 1996 sa confidente son intime et son amie possède une part de ce secret : l'Abbé Pierre était un homme soumis aux désirs des hommes. Sa volonté son courage il les puisait aussi à cette intarissable réserve d'amour. La tentation ? Comme tout mystique engagé dans l'action il y céda parfois ayant fait voeu de célibat et non de chasteté. Mais ce livre en porte témoignage : s'il lui arriva d'enfreindre la loi non écrite de l'Eglise il ne perdit jamais ni sa foi ni ses convictions. Loin de l'image sulpicienne Le Saint et la Pécheresse donne à voir un autre Abbé Pierre incapable de doser ses émotions infiniment plus généreux qu'on ne l'imaginait. Le portrait d'un homme total dans toutes ses dimensions : intellectuelle spirituelle et charnelle
    4.90 (Occasion)
DU MÊME AUTEUR

La Rebelle, Ramsay, 1997.

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livre, aux éditions de l'Archipel,
34, rue des Bourdonnais 75001 Paris.
Et, pour le Canada, à
Édipresse Inc., 945, avenue Beaumont,
Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-1074-5

Copyright © L'Archipel, 2008.

À ma fille Sabine.

« En tout saint il y a un peu de diable
et, en tout diable, il y a un peu de saint. »

Abbé Pierre

Avant-propos

Aujourd'hui, 15 janvier 2007, l'Abbé Pierre a été hospitalisé. Tout espoir de le revoir est illusoire. Le cœur étreint, je sais que l'Abbé Pierre n'éprouve aucune envie de guérir. J'essaie, en vain, de me réjouir de son départ en « grandes vacances »...

Augustin Legrand, le jeune leader du mouvement Les Enfants de Don Quichotte, est arrivé à temps pour que le vieux lion lui passe le flambeau. Comme l'Abbé Pierre, il a le charisme, l'énergie vitale et la volonté absolue de bousculer les gens, de les obliger à prendre en compte ceux que l'on préfère ignorer.

Étrange coïncidence, soulignée par les journalistes à la télévision, que la ressemblance stupéfiante du nouveau Robin des bois avec celui qui, durant l'hiver 1954, lança un appel radiophonique devenu historique : « Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée cette nuit à 3 heures sur le trottoir du boulevard de Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel avant-hier on l'avait expulsée. Chaque nuit, ils sont plus de deux mille recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d'un presque nu. Devant tant d'horreur, les cités d'urgence, ce n'est même plus assez urgent. [...] Devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure. [...] Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l'asphalte ou les quais de Paris. »

Heureusement pour lui, Augustin Legrand n'est pas prêtre. Personne ne songera à le sanctifier après l'avoir émasculé !

L'Abbé Pierre a toujours insisté sur le fait que les prêtres font vœu de célibat et non de chasteté. Hypocrisie de la très Sainte Église romaine, qui n'admet l'union charnelle que dans le but d'enfanter de futurs petits catholiques, rapidement baptisés afin de les nettoyer du fameux « péché originel ».

Quoi qu'il en soit, les prêtres ne sont pas contraints à la chasteté. Mais il va aussi de soi que la plus grande discrétion est recommandée !

J'avais seize ans le jour où, pour la première fois, j'ai vu un prêtre vêtu d'une longue soutane suivre une prostituée dans une rue de Nice. J'ai perçu la honte dont le « pauvre pécheur » était la proie. Courbant la tête et le dos, il s'est engouffré dans l'immeuble dès que la fille en eut ouvert la porte.

Voici quelques années, des femmes courageuses, compagnes de prêtres, ont créé une association baptis ée Plein Jour, à laquelle je me suis inscrite. Bien que n'ayant jamais eu de relations sexuelles avec l'Abbé Pierre, je me sens intimement concernée par la révolte de ces femmes, par leurs combats, leur entraide et leurs manifestations place Saint-Pierre. Les revendications des « femmes de prêtres » indisposent au plus haut point les princes de l'Église.

J'ai envoyé à Marie-Brigitte Pasquier, fondatrice de l'association, le premier jet de ce livre commencé en 2000. Aussitôt après avoir lu mes pages, Marie-Brigitte m'a téléphoné. Nous avons longuement parlé, sans tabou, en parfaite sincérité. Elle m'a fait part de la position cruciale des enfants de prêtres, enfants de la honte, alors que les enfants de pasteurs protestants, comme ceux des représentants de toutes les autres confessions religieuses, vivent sans le moindre probl ème d'identité.

Encouragée par Marie-Brigitte, qui me demandait d'insister davantage sur l'hypocrisie catholique, j'ai remanié mon texte, encore et encore... En aucun cas je n'ai cherché à scandaliser le lecteur.

L'énergie sexuelle est un puissant levier. Celle de l'Abbé Pierre était phénoménale. Alliée à son fervent mysticisme, elle le stimulait dans ses luttes incessantes contre l'injustice.

J'ai voulu témoigner de toute la dimension humaine d'un personnage qui ne mourra jamais dans nos mémoires.

Proche de Gandhi ? Peut-être. L'un est né en France, au sein d'une famille catholique très pratiquante. L'autre est né en Inde. Il me semble que c'est en cela que se déterminent leurs différences fondamentales...

1

« Lorsque j'entends prononcer le nom de l'Abbé Pierre, les larmes me viennent aux yeux », disait Cocteau.

Pour moi, c'est pareil.

À mon corps défendant, et de toute mon âme cependant, j'ai été l'égérie de celui qui volait au secours des opprimés. L'étrange histoire commencée en juillet 1985 s'est brusquement terminée au mois de mai 1996, quand l'un de ses camarades de Résistance, Roger Garaudy, a trouvé prudent de se servir de lui pour cautionner la parution d'un ouvrage révisionniste relativisant le génocide des Juifs, qui provoqua dès sa sortie l'indignation générale.

Avec sa fougue coutumière, l'Abbé Pierre s'empressa de défendre publiquement l'honnêteté de son ami, sans même avoir lu le livre, ce qu'il n'omettait pas de préciser. Terrible erreur! Les journalistes, toujours prompts à gonfler l'événement, se ruèrent sur le héros qu'ils attaquèrent en l'accusant d'antisémitisme et d'allégeance à Jean-Marie Le Pen, dont il s'était fait pourtant l'ennemi déclaré. « Quand il s'agit de moi, l'Abbé Pierre ne parle pas, il éructe », protestait d'ailleurs celui-ci, indigné — mais cela aussi était passé sous silence.

À la télé, à la radio, dans la presse, on lynchait à qui mieux mieux l'idole que l'on avait adorée. Seuls bénéficiaires de la chute de l'Abbé Pierre, les politiciens pouvaient se réjouir : ils n'auraient plus à subir les reproches de cet homme dont l'immense popularit é l'autorisait à les contredire. Ils savaient que l'Abbé Pierre était l'indétrônable numéro 1 des sondages. Sa disgrâce soudaine n'en fut que plus brutale. Bafoué par ceux qui l'avaient porté au pinacle, accablé par l'incompréhension d'un grand nombre de ses amis, le vieux lion blessé quitta l'arène publique et se retira dans un monastère, où il reprit la vie méditative qu'il menait déjà avant de faire ma connaissance, onze ans plus tôt.

Moi aussi, je me suis retirée.

Par un matin de ce printemps 1996, un hebdomadaire satirique avait été glissé au milieu de mon courrier. Le titre, « La vieille pute de l'Abbé Pierre », s'étalait au-dessus d'une caricature représentant le saint en compagnie d'une walkyrie usagée qui n'était autre que moi-même, déguisée en nazie de sex-shop. Le scandale prenait de telles proportions que j'ai préféré quitter Paris.

Depuis plus de quatre ans, je vis en Provence, aux Aigluns, un domaine viticole dont la demeure ancestrale, aux murs patinés brun et rose, fait songer à ces vieux palais qui tiennent encore debout le long du Grand Canal de Venise.

2

L'Abbé Pierre m'a abandonnée. Quant à Mouloudji, l'homme que j'ai aimé d'un amour viscéral, il est mort le 14 juin 1994, à la saison des coquelicots... 2001 : six printemps de deuil ont passé sur mon cœur dévasté.

L'année dernière, les coquelicots se dressaient sur les champs, plus nombreux que jamais. À perte de vue, des tapis rouges se déployaient dans toute leur splendeur, surpassant en beauté les voluptueux tapis de Perse. À les contempler, si vivants, mes yeux s'emplissaient de larmes. Larmes de joie, de nostalgie et de fierté. De reconnaissance, aussi : c'est grâce à ces humbles fleurs des champs, rouges comme le sang, que Mouloudji fut révélé au grand public en 1951. « Comme un p'tit coquelicot », chanson de Raymond Asso, connut un énorme succès, le premier de mon troubadour. C'est que, comme la plupart des femmes, j'aime autant les héros que les antihéros... J'aime ceux que j'admire avec ferveur : les rebelles à l'establishment. Les miens m'ont quittée.

J'avais vingt ans lorsque, pour la première fois, j'entendis parler de l'Abbé Pierre. La tête encore pleine des héros légendaires de mon enfance, je l'ai aussitôt comparé à Robin des bois.

Je revois la gamine blonde qui a commencé à se former ve...
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