Poèmes de l'oreiller et autres récits

Célèbre pour sa vague, admiré pour ses Cent vues du mont Fuji, Hokusai est plus rarement cité pour ses images du « Monde flottant », l’ukiyo-e. Pourtant, les oeuvres de ce grand maître japonais occupent une place prépondérante dans l’histoire de cet art pictural, le bakumatsu, qui glorifiait les plaisirs éphémères, les fêtes, la mode, le monde du théâtre et l’amour sous toutes ses formes. Un art auquel s’adonnaient de talentueux artistes, dont les 23 plus importants sont regroupés aujourd’hui sous le titre Poème de l’oreiller et autres récits. Au fil des 350 illustrations érotiques reproduites dans le livre, c’est l’histoire du Japon moderne qui se dessine : l’image d’une société raffinée, pacifiée par l’institution du shogunat de Tokugawa en 1603, tout entière tournée vers le loisir et la libération des moeurs. Jusqu’au milieu du xixe siècle, l’extrême sophistication des estampes illustrera ce raffinement. Couleurs, motifs des textiles et silhouettes graciles célèbrent une sensualité empirique que retranscrit fidèlement la qualité d’impression de cet ouvrage. Un monde complexe, plein de codes et de sous-entendus, que décrypte Gian Carlo Calza, éminent spécialiste de la culture ukiyo-e. Professeur d’histoire de l’art de l’Extrême-Orient à l’Université Ca’Foscari de Venise, Gian Carlo Calza dirige le Centre de recherche international sur Hokusai, à Milan. Il s’est vu décerner, en 2004, le prestigieux prix Uchiyama pour l’ensemble de ses travaux sur la culture du « Monde flottant ». Il est également l’auteur d’une monographie sur Hokusai, réédité par Phaidon cet automne.