Docker à marseille

La journée commençait à 6h30 place de la Joliette. L'hiver, il fait nuit à cette heure-là et, pour peu que le mistral souffle, les hommes grelottent. Les dockers auront toujours trop froid l'hiver et trop chaud l'été. Là-dessus, rien n'a changé. Ils sont en général venus à pied, souvent de loin ; ils attendent le long des trottoirs, près des cafés. Quand un chef d'équipe vient recruter son personnel, tout le monde se presse autour de lui. A ses habitués, il fait un signe. Ceux-là peuvent aller au café pour attendre l'heure effective du travail : ils sont pris. Ceux qui n'ont pas encore été désignés cherchent un autre chef d'équipe. Parfois ils n'en trouvent pas et repartent sans travail. Ainsi commençait en 1948 la journée d'un docker de Marseille ; ainsi commença cette même année la carrière d'Alfred Pacini, vingt-huit ans, entré au parti communiste dix ans plus tôt. Dominique Pons vit lui aussi à Marseille. Il a été notamment chef d'édition au Matin de Paris et rédacteur en chef de Var Matin.