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Au nom de la civilisation, comment anthropologues et journalistes ont ravagé l'Amazonie
EAN13
9782246619215
ISBN
978-2-246-61921-5
Éditeur
Grasset
Date de publication
Collection
ESSAI FRANCAIS
Nombre de pages
700
Dimensions
24 x 15,4 cm
Poids
596 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Code dewey
305.898

Au nom de la civilisation

comment anthropologues et journalistes ont ravagé l'Amazonie

De

Traduit par

Grasset

Essai Francais

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Au coeur des jungles impénétrables du Venezuela et du Brésil, ils ont été tenus pour la population la plus sauvage au monde, le dernier « peuple vierge » dans la très longue histoire des explorations commencée il y a plusieurs siècles avec Christophe Colomb et Cortez. Quand Napoleon Chagnon et d'autres anthropologues réputés rencontrent les Yanomami dans les années 60, la « découverte » de leurs guerres tribales féroces et de leur compétition sexuelle révolutionne l'anthropologie moderne aussi profondément qu'elle l'avait été par les découvertes de Margaret Mead un demi-siècle plus tôt. Pour Chagnon et ses collègues, les Yanomami représentent « la dernière frontière » et leur habitat le dernier théâtre d'observation du comportement de l'homme dans un environnement vierge de toute influence extérieure. On leur consacre alors des dizaines de livres, de films, d'articles. Et si tout ceci n'avait été qu'un leurre ? Au terme d'un travail de plus de dix ans, Patrick Tierney démontre ici que chercheurs, journalistes et scientifiques se sont comportés comme les explorateurs anglais ou espagnols qui cherchaient il y a cinq siècles la cité mythique de l'Eldorado, Terre Promise détruite par leur propre brutalité. Cet ouvrage magistral est à la fois un livre d'aventures qui nous emporte, du début des années 60 jusqu'à nos jours, du Brésil au Venezuela, des sources de l'Orénoque au coeur des forêts amazoniennes, sur les traces de chercheurs d'or, de scientifiques dévoyés, de cinéastes, d'explorateurs, de missionnaires, d'anthropologues devenus seigneurs féodaux de la brousse faisant régner les ténèbres autour de leur folie conradienne ; un grand livre d'ethnologie dénonçant l'honneur perdu des anthropologues ; un livre de « contre-enquête » policière sur l'investigation anthropologique, documentant minutieusement les fruits de onze années de recherches ; un réquisitoire contre les pratiques inadmissibles de l'impérialisme culturel occidental quand il tue au nom de la science et contre l'idéologie que véhicule une certaine sociobiologie d'inspiration darwinienne. Les conclusions auxquelles parvient Tierney, au terme de démonstrations offrant un luxe de détails hallucinant, peuvent être brièvement résumées ainsi : Il montre comment l'Atomic Energy Commission américaine a fiancé des recherches permettant de se servir des Yanomami comme d'un groupe de contrôle, leur faisant injecter par des scientifiques de l'iode radioactif pour comparer leur taux de mutation génétique à celui des survivants des bombes atomiques à Hiroshima et Nagazaki (l'AEC viole ainsi le code de Nuremberg promulgué en 1947, qui interdit de faire des expériences sur des hommes à leur insu), Il détaille les expéditions qui ont propagé la maladie (épidémies de rougeole qui remontent l'Orénoque en suivant les vaccinateurs), la guerre (guerres tribales mises en scène pour les besoin de films anthropologiques ou incitées par la présence même de ceux qui en tireront des théories sur la « valeur sélective » de la violence), le chaos culturel dans l'un des groupes les plus vulnérables du Monde Il dénonce la manière dont la « culture des orpailleurs » se cache derrière les organisations de bienfaisance et dont des prétextes scientifiques ont servi de cheval de Troie aux compagnies minières et autres sociétés de production aurifères qui apportent dans leurs bagages épidémies, alcool, fusils, trafics de contrebande et prostitution. Il analyse la façon dont certains anthropologues ont cru découvrir dans les populations indigènes des traits qui ne sont que la projection de leurs personnalités : « les Yanomami sont devenus des ethnographes experts en matière de folie des anthropologues ».
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