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Le chat derrière la vitre
EAN13
9782809800746
ISBN
978-2-8098-0074-6
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Terroir
Nombre de pages
700
Dimensions
24 x 15,5 cm
Poids
760 g
Langue
français
Code dewey
843

Le chat derrière la vitre

De

Archipel

Terroir

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DU MÊME AUTEUR

AUX ÉDITIONS ROBERT LAFFONT :

L'Angélus de minuit, 1989.

Le Roi en son moulin, 1990.

La Nuit des hulottes, 1991, prix RTL/Grand Public 1992.

Les Chasseurs de papillons, 1993, prix Charles-Exbrayat 1993.

Un cheval sous la lune, 1994.

Ce soir, il fera jour, 1995, prix Terre de France-La Vie 1995.

L'Année des coquelicots, 1996.

Rentrées des classes, 1997.

La neige fond toujours au printemps, 1998.

L'Or du temps, 1998.

Les Frères du diable, 1999.

Un jour de bonheur, 1999.

Lydia de Malemort, 2000.

Le Silence de la Mule, 2001.

Des maisons au cœur, 2001.

Le Voleur de bonbons, 2002.

Lumière à Cornemule, 2002.

Des enfants tombés du ciel, 2003.

Les Colères du ciel et de la terre:

La Montagne brisée, 2005.
Le Dernier Orage, 2005.

Juste un coin de ciel bleu, 2006.

CHEZ D'AUTRES ÉDITEURS :

Beauchabrol, Jean-Claude Lattès, 1981 ; Lucien Souny, 1990.

Barbe d'or, Jean-Claude Lattès, 1983 ; Lucien Souny, 1992.

Le Porteur de destins, Seghers, 1992, prix des Maisons de la Presse 1992.

Dernières nouvelles de la terre, Anne Carrière, 2001.

La Couleur du bon pain, France Loisirs, 2004.

Les Âmes volées, Fayard, 2006.

La Peste noire :

La Conjuration des lys, XO, 2007.
Le Roi chiffonnier, XO, 2007.

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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-1106-3

Le Chat derrière la vitre© L'Archipel, 1994.
L'Heure du braconnier© Robert Laffont, 1997.
Une vie d'eau et de vent© Anne Carrière, 2003.

Copyright © L'Archipel, 2008, pour la présente édition.

LE CHAT DERRIÈRE LA VITRE

ET AUTRES HISTOIRES D'ANIMAUX

À PROPOS DE BÊTES ET D'HOMMES

Je pense à ce livre depuis des années.

Mon enfance s'est passée dans les collines corréziennes au milieu d'une nature qui n'était pas encore totalement abîmée par l'homme. La caille courait devant la moissonneuse, les perdrix volaient au-dessus des blés. Le renard filait le long de la haie ; à l'automne, les sangliers descendaient de « la montagne » pour manger les châtaignes... Enfant sauvage qui préférait les sentiers secrets de la forêt aux bancs de l'école, je passais des heures à regarder vivre un écureuil, à suivre la nage élégante d'une truite aux flancs de bronze, à surprendre la loutre au bord de son gîte. Les animaux ont été mes compagnons de solitude et le sont encore.

Un braconnier m'apprit le regard du prédateur, le seul vrai, démuni d'émotion, efficace. Et je compris combien nous sommes loin de la réalité animale. Un abîme nous sépare, au-dessus duquel sont tendus les milliers de fils qui nous réunissent.

Nous prêtons trop souvent aux animaux des comportements analogues aux nôtres. Cet anthropomorphisme nous coupe de la réalité et nous fait commettre pas mal de bêtises. Dire qu'un couple de perdrix est un exemple de fidélité parce qu'il dure jusqu'à la mort du mâle ou de la femelle est une absurdité. Aucun oiseau au monde ne sait ce qu'est la fidélité. La perdrix est « programmée » pour vivre ainsi; c'est une nécessité de l'espèce et non de l'individu. Les sentiments n'existent que chez les hommes et sont, en grande partie, un produit de leur culture. Que voyait un homme du Moyen Âge lorsqu'il ouvrait les yeux sur le monde ? Nous n'en savons rien, malgré les écrits. Les mots n'avaient pas le même sens. La mort, la vie, la douleur et le plaisir de ce temps sont perdus.

Que signifie le verbe « aimer » pour un chien, le plus proche compagnon de l'homme? C'est un attachement instinctif à ceux qui composent sa « meute », à son maître qui en est le chef. Animal social, il a remplacé les autres chiens par des hommes. Les spécialistes savent bien que, lorsque plusieurs animaux sont ensemble, l'effet de meute peut se produire si le dresseur ne réussit pas à s'imposer, ils échappent alors à tout contrôle.

Bien sûr, une hiérarchie existe, et l'édifice vivant, du plus sommaire des vertébrés au plus évolué, n'est pas uniforme, mais tous sont inféodés à leur instinct. Ce fameux « moi » caractéristique de l'homme, cette conscience d'être, n'existe pas chez les animaux, et c'est ce qui fait toute la différence. L'homme se sait vivant et mortel. Sa conscience d'être a balayé tout le reste. Il se sait seul dans l'univers. Et si l'homme du passé s'était fabriqué des garde-fous, celui du XXIe siècle est le fils d'un Dieu qu'il a assassiné.

Dans ce livre, j'ai voulu avoir tour à tour le regard de l'animal et celui de l'homme, l'instinct de l'un, la réflexion et les sentiments de l'autre. J'ai voulu être chasseur et chassé, loup et agneau.

Les fabulistes de tous les temps se sont servis des bêtes pour nous parler des hommes. Ils n'ont pas si mal réussi, mais c'est humiliant pour les animaux qui, même s'ils ne parlent pas, ont pas mal de choses à nous apprendre. J'ai donc voulu rétablir la vérité, écrire de nouvelles fables dans lesquelles tous les acteurs sont présents, les hommes dans le domaine de l'imaginaire, des sentiments, les bêtes dans leur lutte pour la survie avec, de temps à autre, cet attachement hors nature d'un homme et d'un animal.

Ne cherchez pas une morale à chacune de ces histoires: la nature n'a aucune notion du bien et du mal. Le chat joue avec la souris ou le petit oiseau, mais n'est pas cruel pour autant. J'ai voulu rendre hommage à la vie dans toute sa diversité, avec la seule idée que nous sommes embarqués sur une planète folle et merveilleuse, et que, s'il fallait la recréer pour la rendre plus vivable, nous n'aurions probablement pas un brin d'herbe à changer – mais pour cela faudrait-il que les hommes en aient envie. Malgré et peut-être à cause de ses contraintes, chaque vie animale est un roman, chaque vie humaine une montagne qui plonge dans la mer. Rien n'est banal, pas plus les propos insensés de l'ivrogne embarqué pour une lointaine et inaccessible Patagonie, que le rêve d'une petite fille abandonnée. Les premiers mots qui sortent du bec d'un geai ou la terrible peur du renard prisonnier dans un terrier, apportent leur pierre – même si on ne sait pas la reconnaître – à l'édifice vivant parti depuis longtemps vers une destination inconnue de nous et qu'il n'atteindra probablement jamais.

Le chat derrière la vitre

Bunit ouvre les yeux et bâille. Marie-Laure aperçoit l'intérieur de sa bouche rose saumon, ses crocs de porcelaine, sa langue râpeuse qu'il replie d'une manière comique. L'animal allonge les pattes, sort ses griffes et se lève. Il secoue la tête et fait quelques pas souples, élégants et souverains. Il est chat, donc libre. Il n'accepte des autres que ce qu'il veut. Son domaine, c'est le jardin, la rue, le terrain du voisin. Aucune barrière, aucune clôture ne le retiennent. Les portes fermées lui arrachent des miaulements désespérés.

Des êtres humains qui habitent sa maison, Marie-Laure a sa préférence. C'est une petite fille maigrichonne aux boucles brunes, au regard profond, souvent triste. Elle serre Bunit dans ses bras, l'écrase contre ses joues. Le chat se laisse faire jusqu'à ce que les caresses l'agacent ; alors, il coule vers le sol et les petites mains qui tentent de le retenir n'y peuvent rien. Personne ne retient Bunit.

Il a passé tout l'après-midi sur le vieux canapé qui sert de lit à Marie-Laure dans ce réduit sans fenêtre, avec un seul petit soupirail qui grince en s'ouvrant : la fillette dort là depuis que Mme Lorris a donné sa chambre aux jumeaux... L'heure de la promenade est arrivée. Le soir tombe lentement ; sur les toits, les fumées bleues des cheminées s'étalent en un nuage immobile. Le vent se tait, les feuilles mortes tournoient dans la lumière jaune, s'entassent en édredons dorés, chauds, comme du pain à la sortie du four... Marie-Laure appelle Bunit, mais le chat ne se retourne pas. Un oiseau vient de se poser dans l'herbe. Bunit s'est tassé sur le sol, immobile, pierre noire dont rien ne frémit, pas même un poil. Il est capable d'attendre ainsi des heures que l'oiseau en confiance approche à portée de ses griffes. Des heures de patience ins...
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