www.leslibraires.fr
Double diabolique
EAN13
9782841876396
ISBN
978-2-84187-639-6
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Roman français
Dimensions
24 x 15,5 cm
Poids
458 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais

Double diabolique

De

Traduit par

Archipel

Roman français

Trouvez les offres des librairies les plus proches :
ou
entrez le nom de votre ville

Offres


DU MÊME AUTEUR

Sous le nom de Rosamond Smith

Le Ravin, L'Archipel, 2003.
Double Délice, Belfond, 2000.
Une troublante identité, Belfond, 2000.
Le Sourire de l'ange, L'Archipel, 1994.
Œil-de-Serpent, L'Archipel, 1993.
Le Département de musique, Lattès, 1992.
L'Amour en double, Stock, 1989.

Œuvres de Joyce Carol Oates

Les Chutes, Philippe Rey, 2005.
La Foi d'un écrivain, Philippe Rey, 2004.
Je vous emmène, Stock, 2004.
Hudson River, Stock, 2004.
J'ai refermé ma porte, Philippe Rey, 2004.
Infidèle, Stock, 2003.
Délicieuses Pourritures, Philippe Rey, 2003.
Nulle et grande gueule, Gallimard, 2003.
Johnny blues, Stock, 2002.
Je me tiens devant toi nue, éditions du Laquet, 2001.
Mon cœur mis à nu, Stock, 2001.
Blonde, Stock, 2000.
Man Crazy, Stock, 1999.
Premier Amour, Actes Sud, 1998.
Nous étions les Mulvaney, Stock, 1998.
Zombi, Stock, 1997.
En cas de meurtre, Actes Sud, 1996.
Corky, Stock, 1996.
Confessions d'un gang de filles, Stock, 1995.
Le Goût de l'Amérique, Stock, 1994.
Au commencement était la vie, Le Félin, 1994.
Un amour noir, Le Félin, 1993.
Reflets en eau trouble, Écriture, 1993.
Le Rendez-vous, Stock, 1993.
Cette saveur amère de l'amour, Stock, 1992.
Solstice, Stock, 1991.
Souvenez-vous de ces années-là, Stock, 1990.
Aile de corbeau, Stock, 1989.
De la boxe, Stock, 1988.
Marya, Stock, 1988.
Les Mystères de Winterthurn, Stock, 1987.
L'homme que les femmes adoraient, Stock, 1986.
La Légende de Bloodsmoor, Stock, 1985.
Une éducation sentimentale, Stock, 1985.
Amours profanes, Stock, 1982.
Mariages et infidélités, Stock, 1980.
Eux, Stock, 1980.
Haute Enfance, Stock, 1979.
Désirs exaucés, Aubier, 1976.
Le Pays des merveilles, Stock, 1975.
Corps, Stock, 1973.
Le Jardin des délices, Stock, 1971.
Des gens chic, Stock, 1970.

Ce livre a été publié sous le titre
Starr Bright will be with you soon
par Plume, New York, 2000.

Si vous désirez recevoir notre catalogue
et être tenu au courant de nos publications,
envoyez vos nom et adresse, en citant ce
livre, aux Éditions de l'Archipel,
34, rue des Bourdonnais, 75001 Paris.
Et, pour le Canada, à
Édipresse Inc., 945, avenue Beaumont,
Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-3528-7561-1

Copyright © The Ontario Review, 1999.
Copyright © L'Archipel, 2005, pour la traduction française.

À John Hawkins,
depuis longtemps le confident de mes secrets.

Je résolus, dans ma conduite à venir, de racheter le passé.

Robert-Louis Stevenson,
Dr Jekyll et Mr Hyde

Combien de porcs parmi vous, de suppôts de Satan, d'adultères et de fornicateurs ! Combien de violeurs et de spoliateurs de l'innocent, combien de créatures se vautrant dans la fange et le stupre ! Combien parmi vous encourent le courroux divin et mériteraient d'être tués et châtiés par CLAIRE D'ÉTOILE ?

Si je n'avais été à bout de forces avant mon heure...

Je ne puis le savoir, car ce savoir nous est caché dans la sagesse et le réconfort du SEIGNEUR. AMEN !

I

1

Au Paradise Motel, Sparks, Nevada

Dans le désert, le soleil d'automne au zénith tombait d'aplomb, tranchant comme une lame de rasoir à travers des couches de lumière scintillante. Et, flottant dans le lointain vaporeux, les montagnes mauves de la Sierra Nevada. Le ciel d'un bleu de porcelaine semblait peint, sans profondeur, tel un rideau de scène. Après avoir plané pendant des heures, Claire d'Étoile émergea brusquement de sa défonce, se demandant où elle était et avec qui. Une enfilade de motels, restaurants, stations-service, connus ou inconnus, d'énormes panneaux d'affichage aux couleurs fluo annonçant les casinos de Reno et de Las Vegas... Mais c'était dans la ville de Sparks, Nevada, qu'ils entraient, avec Billy Ray Cobb au volant d'une Infiniti de location gris métallisé très classe, dont l'intérieur en cuir rouge sentait le neuf. Pour y voir plus clair, Claire d'Étoile retira ses lunettes de styliste aux verres teintés, à la monture d'un blanc étincelant, mais la lumière était trop crue. Elle eut l'impression d'avoir les yeux nus, dépouillés. La vive clarté du désert, le matin ou l'après-midi, n'était pas pour elle, son âme nocturne ne s'éveillant qu'au crépuscule, sous la lumière clignotante des néons palpitant de vie. Mais qu'est-ce que je fiche ici, qu'est-ce qui s'est passé ? Et qui est ce type ?

Ignorant qu'elle attendait un signe de Dieu.

Tout guilleret au volant de l'Infiniti, tel un bouledogue dressé sur ses pattes de derrière, se tenait Mr Cobb, d'Elton, Californie, représentant en matériel électrique à en croire ce qu'il avait déclaré la veille au soir au Kings Club. Le genre tape-à-l'œil, le rire tonitruant, amateur de rigolade, âgé de quarante-cinq ou cinquante-cinq ans, transpirant abondamment, un cou de taureau, les paupières lourdes, des bajoues et le sourire humide, carnassier, ponctué de grosses dents trapues. Il portait des vêtements décontractés – après tout, il était en vacances : une chemise de coton froissé bleu électrique avec un monogramme B. R. C. sur la poche (peut-être s'appelait-il réellement « Billy Ray Cobb » ?), un pantalon de polyester à carreaux chiffonné aux cuisses, une ceinture en cuir artisanale style « navajo » avec une boucle en cuivre voyante contre laquelle appuyait son estomac mou et proéminent. À la main droite, il portait une bague en onyx noir d'une association d'étudiants et, à l'autre, une alliance en or, les deux profondément incrustées dans la chair. D'une voix presque timide, il demanda : « Alors on a piqué un roupillon, Sherrill ? » À moins que ce ne fût son souffle court, comme s'il venait de grimper au pas de course une courte volée de marches, qui lui donnait ce faux air timide. Puis d'ajouter, frimeur : « Ma foi, on tient la moyenne. Trois cent soixante kilomètres en moins de trois heures. »

Claire d'Étoile sentit que Billy Ray Cobb était du genre à quémander les flatteries de la gent féminine tel un brave toutou les vestiges de la table – n'importe quoi, même des restes desséchés, fades voire immangeables, même des boulettes de serviette en papier feraient l'affaire. De sa voix rauque de femme fatale, elle susurra : « Mmmm, oui, fantastique. »

En voyant comment Mr Cobb la lorgnait, elle s'empressa de remettre ses lunettes de soleil. Ne me regarde pas bordel de merde ne me regarde pas. Mais bien sûr elle resta calme, posée, sans laisser paraître aucun signe d'agacement. Claire d'Étoile était toujours minutieusement maquillée. Son visage en forme de cœur composait un masque impeccable, son maquillage présentait une texture lisse, un grain parfait. Elle savait qu'elle était bien, et même mieux que ça, mais sous ce foutu soleil du désert d'une blancheur éclatante, elle risquait de ne pas paraître son âge, car Claire d'Étoile ne faisait jamais son âge, mais disons trente et un ou trente-deux ans. Et non les vingt-huit qu'elle avait annoncés à ce crédule Mr Cobb, d'Elton, Californie.

Pour lui, elle était Claire d'Étoile, une danseuse interprète exotique du Kings Club, à Kings Lake, Nevada. Une jeune femme indépendante douée pour les arts du spectacle, pas seulement la danse, mais aussi le chant (« une voix délicieuse avec une formation de mezzo-soprano »). Avant Kings Lake, elle s'était produite à Lake Tahoe, Californie, et auparavant à Los Angeles, San Diego et Fresno. Et encore avant, à Miami et West Palm Beach, en Floride. Et il y avait eu aussi un intermède à Houston, Texas.

Plus lois, sa mémoire flanchait. Comme des affiches touristiques jadis colorées sur un mur effrité et patiné par le temps.

Il n'était pas encore six heures, mais il faisait jour comme en plein midi. Et Billy Ray Cobb avait hâte de trouver un motel. Sans cesser de palper et de tripoter Claire d'Étoile d'une main, l'autre conduisant l'Infiniti, qui lambinait maintenant à soixante à l'heure sur la route à deux voies encombrée, il haletait, le visage rubicond. Arrête de me lorgner, putain. Son odeur de sale macho m'as-tu-vu se confondait avec les effluves agressifs de l'intérieur en cuir rouge. L'air conditionné ronronnait comme une troisième présence. Claire d'Étoile était flattée par l'ardeur de sa nouvelle conquête, avec son air respectueux mêlé d'un désir carrément bestial, du moins pouvait-on le croire. Mais quelle poisse qu'il veuille s'...
S'identifier pour envoyer des commentaires.