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Fabien B.

Conseillé par (Fontaine Luberon)
5 mai 2024

Mémoire et transmission

"Le Spirou d'Émile Bravo est la BD la plus importante sur la Shoah depuis Maus de Spiegelmann".
Ces propos de Didier Pasamonik, commissaire de l'exposition "Spirou dans la tourmente de la Shoah" qui s'est tenue en 2023 au mémorial de la Shoah ne laisse aucun doute quand à la portée de l'œuvre d'Émile Bravo.
Documentée, réfléchie, patiemment construite, cette grande fresque humaine peut être lue par un public familial et trans-générationnel. Elle permet à un jeune lectorat de s'immerger dans la vie quotidienne des gens et d'éprouver les craintes, les angoisses et les espoirs de tout un chacun.
Spirou, l'ingénu de service, va peu à peu comprendre les rouages qui sont à l'œuvre dans ce contexte si particulier.
C'est l'éveil d'une conscience que met en scène Émile Bravo et par là même celle du lecteur.
C'est aussi une ode à l'amitié, celle qui est mise en danger sous l'oppression et à celles qui se révèlent dans les épreuves.
Sont ainsi abordés de manière diffuse tout au long du récit la Résistance, les ressorts du processus d'extermination des juifs, leur sauvetage, dans un œuvre humaniste d'une profonde tendresse et par moments bouleversant.
Enfin, l'intelligence du récit tient aussi dans les événements qui sont en lien avec la véritable histoire du journal de Spirou-et la figure de Jean Doisy- qui ne manquera pas de piquer la curiosité d'un lectorat adulte.
De nombreuses BD ont abordées avec talent cette époque, "L'espoir malgré tout" d'Émile Bravo permet désormais aux lecteurs de tous âges de s'emparer d'une œuvre essentielle de transmission.

Conseillé par (Fontaine Luberon)
7 novembre 2022

"Nous sommes dans l'autre monde maintenant"

Matthieu Bonhomme excelle dans les atmosphères maritimes et dès le premier tome "L'île de Brac" le lecteur est pris dans les mailles d'une histoire aux allures de légende.
Le marquis d'Anaon "naît" d'ailleurs dans les brumes de cette première aventure et va s'affirmer au fil des épreuves posées sur son chemin par des auteurs exigeants.
La complicité évidente de Velhmann et Bonhomme rendent cette saga très attachante... un sentiment persiste longtemps après sa lecture, on ne peut pas oublier le marquis.
L'intégrale affirme la profonde cohérence de cet univers tout en nuances et l'on se prend à espérer que Jean-Baptiste Poulain, cet humaniste qui se tient sur un fil ténu entre science et croyance ne s'est que momentanément éclipsé.

Conseillé par (Fontaine Luberon)
28 octobre 2022

"L'art n'est rien s'il ne force le réel...

...seul l'homme a éteint son feu".
Rochette s'est surpassé et nous livre un récit dense ou chaque mot est pesé. Il sonde les profondeurs de la mémoire humaine et tisse une histoire aux ramifications multiples qui prennent leurs sources en un temps où l'homme craignait et respectait l'ours.
Au cours des siècles le monde a glissé vers une marchandisation effrénée et bientôt l'homme aura tout dévoré. "Même les forêts sont devenues trop petites pour cacher les ours et ceux qui s'aiment..."
Si l'homme a tué la magie en s'éloignant de ses origines la beauté peut encore éclore des mains d'une artiste sincère. Sur le haut plateau du Vercors l'amour de Jeanne et d'Édouard va s'épanouir au cœur d'une nature immense et immuable.
Rochette met en scène la possibilité d'une entente entre l'homme et son environnement.
Après "Ailefroide altitude 3954" qui s'ouvrait sur un tableau de Soutine, Rochette convoque à nouveau le peintre pour mettre à jour "la chair du monde". Comme lui il malaxe les teintes et les matières pour arriver à ce rendu brut, rugueux, chargé d'intensité. Son noir cache autant qu'il montre, ses silences nous étreignent.
S'il y a un secret caché dans les plis de la montagne peut-être faut-il aussi en chercher un dans les regards des animaux qui semblent nous dire : "je suis un autre mais je suis là".

18,00
Conseillé par (Fontaine Luberon)
27 octobre 2022

Un pacte à inventer

Nouvelle réussite de l'auteur d' "Ailefroide altitude 3954". Un récit dense et minimaliste qui gagne en tension au fil des pages à la manière d'une nouvelle de Jack London.
D'une rivalité haineuse avec la bête, qui prend ses sources dans les maux causés par une société prédatrice, le berger Gaspard saura puiser au fond de lui une autre sensibilité qui l'amènera vers une forme de réconciliation. Le chemin sera difficile et douloureux avant qu'il ne comprenne qu'ils sont tous les deux des animaux blessés.
Compréhension, réciprocité, cohabitation : l'indispensable postface de Baptiste Morizot éclaire finement les enjeux du récit.

28,00
Conseillé par (Fontaine Luberon)
24 octobre 2022

La montagne en soi

"Ailefroide altitude 3954" : le titre mystérieux du livre annonce déjà une promesse d'évasion vers un lieu inconnu, une étrange verticalité source de rêves et d'une angoisse diffuse...
Dès les premières pages on assiste à la collision d'un enfant avec une toile de Soutine. Une peinture, un regard et le lecteur sent déjà qu'il est en présence d'une œuvre habitée.
Le dessin permet de représenter le monde, la montagne de s'y confronter.
Rochette construit au fil des pages l'affirmation d'une personnalité en quête de repères. La rencontre avec La Montagne cet organisme vivant de plusieurs millions d'années va fasciner l'enfant.
Ailefroide c'est une histoire de gosses à la Mark Twain dans laquelle Rochette ressuscite les amis disparus et évoque par touches subtiles le petit monde des gens qui fréquentent la montagne.
Catharsis évidente qui nous touche au cœur par sa profonde sincérité et qui va amener l'auteur vers de nouvelles cimes.