Celui qui a vu la forêt grandir

Voici un roman qui se joue des codes. Littérature suédoise, nature writing, pas vraiment un polar mais un
vrai roman noir, une plongée dans l’obscur avec parfois un rai de lumière salutaire. En 1893, Unni, une
jeune Norvégienne qui pratique l’avortement, fuit précipitamment son pays avec son compagnon et son
jeune enfant pour échapper au sort terrifiant que l’on réserve aux faiseuses d’anges. Après un harassant
périple, la famille trouve refuge dans une masure au cœur d’une forêt dense d’une province reculée
suédoise. Presque un siècle plus tard, en 1973, dans cette même forêt et cette même cabane, agrandie
et rénovée, deux femmes se jaugent. Un homme, Roar, vient de mourir. La plus âgée est sa femme, la
plus jeune, sa belle-fille et maîtresse. Passé, présent. Les chapitres alternent et l’on comprend vite que
Roar est la clé de voûte d'une sombre histoire débutée en 1893. Ce drame familial où la vérité crue
n'apparaîtra qu'à la toute fin est à la fois une peinture sociale de l'Europe du Nord rurale du siècle
dernier et un roman à suspense au cœur d'une forêt souveraine, immuable, se gardant bien de livrer ses
secrets. Addictif.

Dans l'esprit de "La où chantent les écrevisse", la suédoise Lina Nordquist nous entraine au cœur des forêts hostiles du nord de l'Europe. Elle met en vis à vis deux femmes : Unni, qui fuit la Norvège à la fin du 19ème siècle, pourchassée pour avoir pratiqué des avortements ; et Kara, la femme du petit-fils d'Unni, à la mort de son beau-père, qui va révéler bien des secrets de famille enfouis. Un roman dur et prenant, au cœur d'une nature magnifique et rude.
Librairie La Promesse de l'Aube