Un coeur outragé

Est-ce qu’il a oublié, le compère Albert, ce qui arrive aux artistes et à leurs masques ? On ne manque pas d’histoires à ce sujet pourtant : des tragiques, des loufoques, des ennuyantes aussi… Peut-être est-ce pour cela qu’il n’y a pas prêté attention ?
Bah, qu’importe le masque tant qu’il y a l’histoire, pas vrai ? Et puis l’art, surtout l’art… Tant pis pour les éventuelles figures méphistophéliques que l’on croise ou ne croise pas, tant pis pour les injustices que l’on fait ou que l’on reçoit sous ce faux visage…

Tant pis !

Albert, son histoire, on ne veut plus la laisser se développer, exister. Pourquoi ? Il est comédien, il n’est pas vieux mais presque, ce qui est pire : quel rôle y a-t-il lorsque l’on est dans un entre deux ? Sa vie personnelle est un désastre également, c’est bien comme ça que ça s’appelle lorsque votre femme vous quitte, non ?

Allons, l’ami Albert, du nerf !

Tu vas bien avoir une idée géniale pour te tirer de là, pas vrai ? Enfin géniale, géniale… C’est vite dit. Créer un alter-ego, rien que ça ? Un nouveau nom, un visage autre grâce à la complicité d’un ami pro du maquillage et des effets spéciaux, et voici le nouvel Edmond Dantès des castings, prêt à ravir tous les rôles ! Changement d’identité ? Non pas vraiment. Double je(u) ? Absolument !
Comme le dit Rimbaud : Je est un autre, mais aucun tour de passe-passe n’est sans conséquences.

Par une voix qui lui est propre, Philippe Torreton nous fait suivre les déboires d’un homme prêt à tout pour réussir, y compris se perdre lui-même.