Les coups de coeur de la librairie Fontaine à Paris

Fondée en 1834, la librairie d'Auguste Fontaine donne aujourd’hui son nom à une enseigne de 8 librairies : sept à Paris et une à Apt, en Provence. Ses libraires nous dévoilent leurs conseils de lecture : Un auteur que la librairie soutient : « Michel Bernard qui est l'auteur de deux très beaux livres sur Jeanne d'Arc, Le bon sens et Le bon cœur. C'est un auteur très sensible qui a une plume absolument magnifique. » Un livre que la librairie conseille souvent : « Kentukis de Samanta Schweblin. C'est un incroyable roman d'anticipation qui n'a rien a envié à Black Mirror. C'est un roman qui soulève beaucoup de questionnements qui font écho en chacun de nous. L'écriture est très élégante et nous offre même quelques très beaux moments de poésie. L'atmosphère est envoutante et inquiétante. » [ean13_conseils | 9791037110039,9782710383208,9782072880216]

Rencontre avec Virginie Brivady - Association Signes de Sens

Signes de sens est une association qui vise à rendre la société plus accessible aux personnes en situation de handicap sensoriel, psychique, cognitif ou mental (sourds, aveugles, autistes, déficients intellectuels, DYS...), handicaps souvent invisibles. L’association développe l’accès à l’information, à la communication et aux apprentissages par des solutions innovantes co-construites avec les différentes parties prenantes et accompagne les lieux et services en lien avec le public dans leur démarche d’accessibilité. Parmi leurs missions, Signe et Sens accompagne notamment les librairies dans leurs projets d'accessibilité des espaces, des services et de la communication. Virginie Brivady est chargée de projet lecture. Quelles sont vos missions au sein de l’association ? La lecture joue un rôle essentiel dans le développement global des enfants en situation de handicap, en favorisant leur autonomie, leur inclusion sociale, leur développement cognitif et leur bien-être émotionnel. Il est donc crucial de veiller à ce qu’ils aient accès à des ressources leur permettant de rentrer avec plaisir et facilité dans la lecture. En tant que chargée de mission lecture inclusive dans l’association Signes de sens, mon rôle consiste à former et à accompagner les professionnels qui souhaitent donner accès à la lecture à chaque enfant, quels que soient ses besoins. Dans quels cas et dans quel contexte les libraires font-ils appel à vous et/ou comment procédez-vous pour les sensibiliser ? Les libraires ont de plus en plus de demandes de la part des familles qui souhaitent trouver des solutions pour aider leurs enfants qui rencontrent des difficultés de lecture ou qui ont un handicap. Des livres existent, mais comment se repérer dans les différentes propositions éditoriales ? C’est dans ce cadre là qu’ils nous sollicitent : pour monter en compétences sur les différentes adaptations existantes et donc pour être force de proposition auprès de leurs clients. Nous les sensibilisons notamment sur le fait que ces livres, bien qu’ils soient adaptés, peuvent être partagés dans la fratrie ou avec d’autres enfants qui n’ont pas de handicap. Enfin, nous soulignons l’importance de mettre ces livres en valeur et de communiquer auprès de leur clientèle sur leur volonté et la nécessité de proposer des livres “inclusifs”. Quelles sont les solutions qui existent pour rendre les librairies plus inclusives et accessibles ? En plus d'être accessible au niveau du bâti, il est essentiel de proposer une offre de livres accessibles à tous avec la médiation adéquate. Pour cela, nous invitons les libraires à se procurer le kit “EJA en librairie” sur le site e-j-a.fr : il comprend un guide de recommandations et de nombreuses ressources pour les accompagner dans leur démarche de librairie inclusive. Sur ce même site, ils peuvent consulter les différentes collections de livres accessibles en les filtrant par type de handicap ou d’adaptations, ce qui leur permettra de constituer une offre globale et variée de propositions pour répondre aux sollicitations des familles d’enfants ayant un Trouble du Neuro-Développement (TND) ou avec un handicap sensoriel. Pouvez-vous nous parler du programme Édition Jeunesse Accessible (EJA) ? Le programme Edition jeunesse Accessible (EJA) a vu le jour en 2018 suite à des ateliers participatifs réunissant des structures du livre, du médico-social et des personnes en situation de handicap. Il en est ressorti que, malgré l’émergence de nouvelles éditions dites “accessibles”, celles-ci restaient encore confidentielles alors qu’elles pouvaient répondre aux nombreuses demandes de familles ou de professionnels s'occupant d’un enfant en situation de handicap. A partir de là, notre ambition a été claire : faire en sorte que chacun puisse trouver un livre adapté aux besoins de son enfant à moins de 30 minutes de chez soi pour qu’il puisse accéder plus facilement à la lecture. Les médiathèques et les librairies étaient donc toutes désignées pour remplir cette ambition ! Nous avons alors travaillé main dans la main avec chacune de ces structures pour créer des outils, dont le kit EJA, en fonction de leurs usages, de leur façon de travailler et de leur finalité. Pouvez-vous nous parler des éditeurs de livres accessibles, qui sont souvent peu connus du grand public mais aussi des libraires ? Depuis 2016, de plus en plus d’éditeurs travaillent sur l’accessibilité de leurs livres et certaines grosses maisons ont lancé des collections spécifiques, pour la plupart adressées aux lecteurs ayant des troubles dys. Il existe également des éditeurs spécialisés dans les livres adaptés qui proposent des mises en page et des adaptations plus spécifiques en fonction des besoins particuliers des lecteurs (dont certains se sont regroupés dans le collectif des Éditeurs Atypiques). Si on souhaite proposer une offre de livres accessibles, l’idéal est de proposer un “mix” de maisons d’édition et de variétés d’adaptations pour tout type de handicap : cela permet à l’enfant de tester différents supports et de choisir celui qui lui convient le mieux. Selon vous, quels sont les avantages pour une librairie d’avoir un espace dédié aux livres accessibles ? Un espace dédié aux livres accessibles présente de nombreux avantages pour une librairie : la promotion de l'inclusion sociale, une image positive et la possibilité d'établir des collaborations avec des associations, des médiathèques ou des structures médico-sociales. L’avantage est également économique puisqu’il permet de toucher une nouvelle clientèle - environ 10% des familles sont concernées par le handicap - qui saura trouver facilement un livre dans cet espace dédié (les livres sont triés par type d’adaptation pour ne pas stigmatiser le public ciblé). A ce jour, pour les libraires déjà engagés dans cette démarche, mettre en place un espace “Édition jeunesse Accessible” est une façon de répondre à un réel besoin souvent peu identifié et d'affirmer leur engagement envers l'inclusion et la diversité. Toutes les informations sur la formation Édition Jeunesse Accessible sont à retrouver ici.

Polars - 5 titres à (re)découvrir aux éditions Agullo

Dans le cadre du festival international Quais du Polar qui se tient à Lyon du 5 au 7 avril 2024, vos libraires vous proposent de découvrir 5 polars issus de la collection Polars noirs des formidables éditions Agullo et donne la parole à Sébastien Wespiser, associé fondateur de la maison, qui répond à trois questions : Pourquoi avoir choisi de créer une collection de polars ? Nous pensons que le polar permet d'éclairer les sociétés . D'aller vers les marges de ce que l'on ne voit pas ou que nous ne voulons pas voir. A travers des histoires et des personnages, ce genre permet de découvrir en profondeur les relations souterraines qui régissent nos sociétés européennes. Par ailleurs, le polar génère de formidables histoires romanesques dans lesquelles faire société est au centre des textes. Quels sont les ingrédients d'un bon polar ? Un bon écrivain, un bon écrivain, un bon écrivain et un rapport au monde social. Comment sélectionnez- vous vos manuscrits ? Nous regardons l'écriture, l'histoire et la pertinence des points de vue exprimés. Il faut aussi de la nouveauté, l'idée de ne pas publier un texte de plus mais un texte qui dit quelque chose que nous n'avions pas déjà lu chez nous ou ailleurs. Nous avons besoin d'apprendre, de découvrir, de nous questionner. Les autrices et les auteurs créent des mondes dans lesquels nous devons avoir envie de nous plonger comme lors de notre premier polar. Les éditions Agullo seront présentes au festival Quais du Polar avec les auteurs suivants : - Valerio Varesi pour La stratégie du lézard - Maryla Szymiczkowa pour Séance à la maison égyptienne 5 polars à dévorer : La nuit tombée sur nos âmes de Frédéric Paulin Conseillé par la librairie La Fabrique « Une odeur de poudre et de lacrymogène nous guette dès l'ouverture de ce polar social. L'auteur aborde le G8 de Gênes en 2001 en nous plongeant la tête dedans. Autant du coté des "participants" que de celui des "opposants". Et une fois l'histoire enclenchée, cela va crescendo. Rien n'arrête la montée en puissance de L'Histoire en action, jusqu'à la nausée des actes réels. Frédéric Paulin nous rappelle de façon puissante et dérangeante des événements oubliés qui peuvent être la génèse de certains futurs. » L'eau rouge de Jurica Pavičič Conseillé par la librairie M'Lire « La disparition énigmatique d'une adolescente provoque un choc aux ondes destructrices tenaces. Mettant en scène l'implosion d'une famille, d'une communauté, d'un pays comme cette Yougoslavie du début des années 90, J. Pavicic signe un des grands polars de cette année ! » La colombienne de Wojciech Chmielarz Conseillé par la librairie Page 36 « Comment une publicité qui ne sera jamais tournée oblige des Polonais à rembourser un séjour paradisiaque en acceptant de quitter la Colombie avec des petits paquets contenant une substance illicite. Sur les bords de la Vistule, le corps d'un homme éventré, pendu à un pont de chemin de fer, conduit l'enquête dans un milieu aisé et affairé. Une intrigue remarquable et passionnante mais aussi une analyse des comportements et des préjugés des habitants d'une capitale et d'un pays bouleversé par son intégration à l'Union Européenne. » Madame Mohr a disparu de Maryla Szymiczkowa Conseillé par la Nouvelle Librairie Sétoise « Plongez dans la Pologne de la fin du XIX siècle aux côtés d'une héroïne haute en couleur ! Zofia est une femme de la haute bourgeoisie qui s'ennuie ferme. Quand une résidente d'une maison de soin est retrouvée morte, Zofia se lance dans une enquête pleine de rebondissements. Ce roman policier historique, plein de dialogues savoureux, critique avec beaucoup d'humour les mœurs de la haute société. Génial ! » Château de cartes de Miguel Szymanski Conseillé par la librairie Dialogues « L’auteur, lui-même journaliste, maîtrise à la perfection son sujet et son roman noir a des accents de vérité… Grâce à une écriture dynamique, l’intrigue policière est pleine d'un suspense portant sur les magouilles politiques et financières au cœur de Lisbonne. Une belle découverte. » [ean13_conseils | 9782382460030,9791095718772,9791095718581,9782382460153,9782382460177]

Les coups de coeur de la librairie l'Esperluète à Chartres

La librairie l'Esperluète est une librairie généraliste située au cœur de la ville de Chartres qui s'étend sur 500 m2 avec environ 50 000 références. « 2 niveaux, des romans, des BD, des livres pour la jeunesse, pour apprendre, pour se distraire, pour fabriquer, travailler, réviser. » Olivier l'Hostis, gérant de la librairie, nous donne trois conseils de lecture : 1. Un classique à redécouvrir Les clans de la lune Alphane de Philippe K. Dick « Des dizaines de fois adapté au cinéma, ce livre est peu connu, mais mériterait de l’être beaucoup plus. Imaginez une planète qui a servi d'asile psychiatrique, sur laquelle on a oublié les fous. Chaque groupe de pathologie a créé son village et vie en bonne intelligence jusqu'à ce que quelqu’un sur Terre se souvienne de l'existence de cette planète... » 2. Un livre d'aventure à découvrir L'étoile des frontières de Alfred de Montesquiou « L'étoiles des Frontières est un grand livre d' aventure qui se situe entre la Libye et la Syrie. On suit des journalistes qui vont enquêter, et pour l'un d'entre eux également retrouver ses origines. Les scènes autour des sites de guerre sont d'un réalisme saisissant. L'auteur connait cela d’extrêmement prés puisqu'il est reporter de guerre. » 3.Un auteur que la librairie soutient Cendres blanches d'Olivier Sebban « Olivier Sebban est un auteur très peu connu avec un public confidentiel et c’est dommage car il écrit des ouvrages magnifiques d'un point de vie de la langue mais aussi de la construction. Dans Cendres Blanches on suit un frère et une sœur dans les années 30 entre le Pays Basque et New-York. L'histoire se déroule chronologiquement notamment pour le personnage de la sœur qui va quitter le Pays Basque à la suite d'un événement traumatique et se retrouver à New-York. L'auteur va reconstruire progressivement les raison pour lesquelles elle est partie. » [ean13_conseils | 9782290365359,9782234080898,9782743652548]

La librairie Libr'enfants - Tours

La librairie Libr’Enfants existe depuis 1980. Elle est située dans le vieux Tours, dans une maison datant du XVe siècle. Notre particularité, c’est d’être spécialisés Jeunesse : nous l’avons toujours été ; c’est un vrai choix de la part de son créateur, Alain Fievez. Trois conseils de lecture : 😴 1 - Un indémodable pour s’endormir Les petits amis de la nuit, Ilya Green, Didier Jeunesse Un tout-carton pour les tout-petits. Une petite histoire qui mêle rêve et réalité, où il y a des petites créatures, des petits animaux, qui viennent rejoindre le sommeil d’un enfant. Ce qu’on adore, c’est le jeu de contrastes entre les pages en noir et la splendeur des dessins d’Ilya Green, qui illuminent le texte, ainsi que le jeu de textures très subtil. 😆 2 - Un indémodable pour rire Le Journal de Gurty, Bertrand Santini, Sarbacane Un indémodable pour rigoler, mais vraiment rigoler ! Ce roman s’adresse aux jeunes lecteurs, entre 9 et 12 ans, et encore est-ce qu’on a besoin de s’arrêter à 12 ans, je ne sais pas : nous on a rigolé comme des benêts ! Il s’agit du journal intime d’une petite chienne, Gurty, qui vit des aventures avec son humain. Ça se passe la plupart du temps en vacances en Provence et c’est à mourir de rire ! 📖 3 - Un indémodable pour apprendre En quête d’un grand peut-être, Guide de la littérature ado, de Tom et Nathan Lévêque Ces deux jeunes gens sont nés dans la littérature ! Ils l’ont découverte et se la sont appropriés. Blogueurs à l’origine, ils ont construit au fur et à mesure, ce guide de littérature pour ados, entre analyses et entretiens. Une plongée dans la littérature très bien faite ! [ean13_conseils | 9782278085460,9782848657899,9782957328703]

Entretien avec Jean-Claude Mourlevat

Jean-Claude Mourlevat est l'auteur, depuis 1997, de nombreux romans, parmi lesquels Le combat d'hiver (Prix Jeunesse France Télévision 2006, Prix Sorcières 2008, Prix des Incorruptibles 2008) et Jefferson (Prix des libraires du Québec 2019, Prix des Incorruptibles 2020). En 2021, il est lauréat du Prix commémoratif Astrid Lindgren. A l'occasion de la sortie du troisième tome de la série Jefferson, il a répondu à quelques-unes de nos questions autour de son œuvre et de son travail. La série Jefferson a souvent été qualifiée de “comédie policière”. C’est vrai que les romans sont à la fois très drôles avec des personnages anthropomorphes loufoques, mais le fond de chaque histoire est très sérieux. Après une enquête sur un meurtre que Jefferson n’a pas commis et pour lequel il est accusé dans le tome 1, puis une réflexion sur les sectes dans le tome 2, vous nous proposez dans Jefferson se fâche une réflexion autour de l’écologie. Comment vous viennent les thèmes des romans de la série et de vos romans en général ? Je suis très mal placé, en ce début d'année 2024, pour vous dire comment me viennent les thèmes de mes romans « en général ». Ils ne me viennent pas. Voilà plus de 10 mois que je n’ai pas écrit un seul mot. Si je regarde en arrière, je suis sidéré d’avoir pu écrire 19 romans. Pour commencer un roman (le plus difficile et le plus stressant pour moi) je ne cherche jamais un thème, mais plutôt une forme : quel temps vais-je employer, quel point de vue, quel rythme ? Ce sera dans quelle humeur ? Drôle ? Dramatique ? Les deux ? Quel en sera le format ? Est-ce que ça devra être lisible par des jeunes personnes ? Est-ce que ce sera très personnel ? Édifiant ? Insouciant ? Nouveau pour moi ou bien dans la ligne de quelque chose que j’ai déjà fait ? Je dois me déterminer sur tout cela, ensuite il ne reste plus qu’à... inventer l’histoire. Vous aviez déjà créé une première fois une histoire autour d’un animal anthropomorphe (La ballade de Cornebique) ; là, pour la première fois, vous avez continué Jefferson avec pour le moment trois aventures. Aviez-vous prévu d’emblée d’en faire une “série” ? J’ai adoré écrire La Ballade de Cornebique il y a 20 ans et je me dis parfois que ce roman est ce que j’ai réussi de mieux. C’était très original, survitaminé ! Oui, c’est vrai, pendant les quinze années qui ont suivi, j’ai sans cesse espéré refaire ce coup de garnement, ce hold-up. Et j’y suis en partie arrivé avec Jefferson. Jefferson n’est pas un hérisson, pas plus que Cornebique n’est un bouc. Ce sont des jeunes hommes, avec des corps d’animaux pour la fantaisie, la liberté, la drôlerie. Non, la série n’était pas prévue. Après le premier tome, je me suis rendu compte que je n’avais pas envie de laisser là mes personnages et leur petit univers, et comme les gens avaient aimé, j’ai continué. [SPLIT_CONTENT] Comment concevez-vous les histoires de Jefferson ? Est-ce le thème qui vous vient en premier ? Ou bien est-ce l’envie de faire vivre une nouvelle aventure à votre hérisson qui déclenche le processus ? Ce qui m’anime, ce n’est pas d’écrire sur ceci ou sur cela. Je n’ai pas de message à délivrer au monde, je ne suis pas un grand économiste, ni un grand sociologue, ni un grand philosophe. Je n’ai rien vécu de tellement extraordinaire. Ce qui m’anime, c’est le plaisir de fabriquer cet objet qui s’appelle une histoire et le bonheur de la partager avec ceux et celles qui vont la lire. Pour les 3 Jefferson, je me suis lancé sans connaître l’arrière-plan (la condition animale, la secte, l’enfouissement des déchets). Je suis parti de petites choses : Jefferson va chez son coiffeur ; le pote de Jefferson vient d’acheter une camionnette ; il a neigé. Pour moi, l’intérêt de ces romans est moins la cause évoquée et défendue que la drôlerie des personnages et le rythme du récit. Avez-vous prévu d’autres aventures pour Jefferson, ou bien vous laissez-vous guider par vos envies, vos idées ? Une fois de plus, je n’ai en ce moment ni idée, ni envie (sinon celle d’écrire) et ça me désespère. Je suis tenté de continuer avec Jefferson, autour d’un simple fait divers cette fois peut-être, mais je crains que cela m’empêche d’ouvrir une nouvelle aventure littéraire. Je préfèrerais repartir pour un an ou plus dans ce voyage fascinant, bouleversant qu’est l’écriture d’un nouveau roman. Mais je ne sais pas où il est. J’essaie en vain d’attraper du vide. Récemment une étudiante a voulu me rendre visite pour voir « comment travaille un écrivain ». Je lui ai dit qu’elle verrait juste un type bricoler dans son garage, bourré d’angoisse, que ça n’avait aucun intérêt. Au fil de vos romans, vous avez exploré beaucoup de thématiques très différentes, avec des livres de type roman “social” (A comme voleur ; L’enfant Océan), des romans d’aventure (Le combat d’hiver ; Le chagrin du roi mort) ; de la science-fiction (le formidable Terrienne), des albums, des textes courts. Il semblerait que vous abordez tous les genres littéraires pour les rendre accessibles aux jeunes et moins jeunes. Comment construisez-vous votre œuvre ? Comment vous viennent les idées/thèmes/manière d’aborder un sujet ? Je ne construis rien du tout. L’idée de « construire une œuvre » m’est étrangère. Je n’ai pas de stratégie, pas de plan de carrière. Les romans sont venus les uns après les autres, résultats de ce que j’étais à chaque âge, résultats de ma situation personnelle, de l’état dans lequel je me trouvais. On ne décrète rien. A force de doute, de découragement, de sentiment d’incompétence, on perçoit soudain une poussière d’idée, on la sent dans son ventre, c’est comme une formidable bonne nouvelle, comme devenir amoureux, et l’heure qui suit on est sur l’ordi et on oublie de descendre manger. C’est parti pour 6 mois, 8 mois, un an... Le bonheur. Vous avez aussi publié un roman adulte (Mes amis devenus) et une savoureuse série épistolaire écrite avec Anne-Laure Bondoux (Et je danse aussi et Oh happy days). Est-ce difficile pour vous de passer de la littérature jeunesse à la littérature adulte ? Non, c’est exactement la même chose. Même exigence, même soin, même intensité dans l’effort de bien faire, même refus de la facilité. Beaucoup de mes romans jeunesse n’en sont pas en réalité. Ce sont juste des romans que des jeunes personnes peuvent lire aussi et comprendre. Ce qui était nouveau, avec Anne-Laure, c’était d’écrire à deux ! Ne plus être seul avec son histoire, en partager le mystère, les caprices, la rigueur avec quelque d’autre que soi. Accepter d’être surpris, plus que surpris même parfois : désarçonné. Par ailleurs, au-delà de l’aventure éditoriale, c’est l’histoire d’une belle amitié. Quels sont les auteurs, les œuvres qui vous font vibrer ? vous inspirent ? Quels conseils de lectures donneriez-vous aux lecteurs jeunes et moins jeunes ? Dans les classiques, les trois romans de Franz Kafka (L’Amérique ; Le procès ; Le château). Ils me fascinent, surtout Le château, que je lis en allemand et auquel je reviens toujours. Le dernier bon roman contemporain que j’ai lu : Le dernier des siens de Sybille Grimbert. Et en ce moment je lis des policiers scandinaves, comme ça, un peu comme on regarde des matches de foot, l’un poussant l’autre. Photo Chloé Vollmer [ean13_auteur |9782075197052] [ean13_conseils | 9782070368037,9782070378401,9782070362844,9782290381373]

Portrait : librairie Le Marque Page

La librairie indépendante Le Marque Page est située au cœur de Quintin, une commune du département des Côtes d'Armor en Bretagne. Gilles Perrotin est libraire depuis 13 ans et Claire Bangert depuis janvier 2021, date à laquelle la librairie a investi de nouveaux locaux. Sur la page d'accueil de leur site internet, on peut lire "Nous sommes Gilles et Claire, bien plus forts que des algorithmes pour vous conseiller. Et pas seulement parce qu’on aime les livres. Mais aussi parce qu’on adore les partager et faire vivre leurs histoires." Ils ont accepté de répondre à quelques questions autour de leur métier et de leur passion pour les livres. Ils dévoilent également quelques-unes de leurs lectures favorites. La librairie Le Marque Page est membre du réseau leslibraires. Pouvez-vous nous décrire votre librairie ? En deux mots, nous dirions : atypique et apaisante. Avec un peu plus, nous dirions qu'elle se singularise par sa surface et son architecture. Dans une maison à pans de bois du XVIe siècle, elle se dévoile à qui sait se laisser guider par la curiosité dans une ambiance que nous souhaitons conviviale et chaleureuse. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'être libraire ? Gilles est libraire depuis 13 ans, c'est lui qui a créé Le Marque Page en rachetant une librairie dans un local de 48 m2. Il s'est lancé en 2010, venant de l'agro-alimentaire, dont, dit-il, il avait fait le tour. Il se définit comme un passeur de livres. Quant à moi, je suis libraire depuis que le Marque Page est dans ses nouveaux locaux. Je connais Gilles depuis longtemps et, au moment du déménagement, il m'a permis de faire le métier que je voulais faire en m'offrant une reconversion que j'espérais depuis quelques années ! Je sais que la profession est très fantasmée, je savais que j'allais porter beaucoup de cartons et que je ne n'aurais pas le temps de lire à la librairie... Mais je savais aussi que j'aurais l'occasion de parler de mes lectures ou de découvrir de nouveaux textes. Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est d'avoir un vrai coup de cœur pour les littératures jeunesse et ado. Quel est votre meilleur souvenir de libraire ? Je n'ai que trois ans d'expérience, mais j'ai déjà plein de souvenirs. Le plus émouvant, c'est celui de cette jeune femme qui est venue pendant un an, à intervalles réguliers, chercher des livres pour sa mère atteinte d'un cancer et qui me demandait conseil. Un jour, une dame est entrée dans la librairie et au moment de payer, m'a remerciée pour tous les livres conseillés à sa fille en me disant qu'ils lui avaient fait beaucoup de bien durant sa maladie. Quant à Gilles, il dit qu'il n'en n'a pas un mais des tas ! Ce qui le marque le plus ce sont les rencontres humaines, avec les auteurs et autrices comme avec les lecteurs et les lectrices. Quel livre vous a le plus marqué ? Gilles : Le Roi des Aulnes de Michel Tournier. C'est un texte exigeant. Et il reste, même après des années, un roman qui continue de diffuser cet aspect universaliste qui m'a tant touché à sa première lecture. Claire : L'art de la Joie de Goliarda Sapienza. J'ai lu ce livre à sa réédition en 2015 par les éditions Le Tripode. Sans doute, l'héroïne, Modesta, dans son énergie à sublimer ce qui pourrait la faire tomber, a-t-elle déclenché chez moi une forme d'espoir. Je suis tombée en amour avec elle, et son autrice, toutes deux si intimement liées. Rarement un livre, un personnage n'aura suscité une telle émotion. Et quelle force dans l'écriture ! Les coups de cœur de Claire et Gilles : Gilles : Le chef d’œuvre de Joseph Ponthus, À la ligne, éditions Folio. Deux femmes et un jardin de Anne Guglielmetti, éditions Folio. Claire : Le Roitelet de Jean-François Beauchemin, éditions Québec Amérique. L'Octopus et moi de Erin Hortle, éditions 10/18. Plexiglas d'Antoine Philias, éditions Asphalte. [ean13_conseils | 9782070366569,9782370551023,9782072881862,9782073006004,9782764442555,9782764442555,9782264081032,9782365331258]

Portrait de libraire : Aurélie Lambert - Librairie Lecture et Confiture à Rethel

Lecture & Confiture est une librairie généraliste mais pas que … Couplée à un salon de thé, elle a ouvert ses portes en Avril 2023 à Rethel (08). Chacun y trouve son bonheur : des classiques mais également des nouveautés en littérature (française et étrangère), des policiers pour tous les goûts, un rayon jeunesse pour tous âges, des ouvrages en sciences humaines et vie pratique, mais aussi des mangas, et BD. Pouvez-vous vous présenter et nous parler un peu de votre parcours ? Avez-vous suivi une formation pour devenir libraire ? Je suis Aurélie Lambert, j'ai 43 ans et avec mon associée Carine Belaïch, nous avons ouvert notre librairie salon de thé à Rethel en avril dernier. C'est une complète reconversion pour toutes les deux puisque nous avons travaillé près de 15 ans dans l’événementiel. J'ai effectivement suivi deux formations chez Book Conseil : "Je deviens libraire" et "Je crée ma librairie". Décrivez-nous en deux mots votre librairie. C'est un lieu de rencontres et d'échanges, ouvert à tous et qui propose des gourmandises pour l'esprit (tout type de livres pour toutes les envies) mais aussi pour le corps (Carine confectionne des gourmandises que nous servons avec des boissons, en privilégiant l'approvisionnement local). Pourquoi êtes-vous devenue libraire ? Nous avions besoin toutes les deux de retrouver des interactions directes avec les gens. La lecture nous ayant apporté beaucoup à différents moments de notre vie, nous voulions proposer ce commerce qui n'existait plus sur notre territoire et ainsi partager nos découvertes et nos lectures. Comment sélectionnez-vous les ouvrages ? Assez naturellement, nous allons vers ce qui nous parle (être deux avec des goûts différents, ça aide !), mais on pense aussi à ce qui pourrait plaire et intéresser nos clients. Discuter avec eux, leurs envies et leurs besoins nous permet d'anticiper sur les nouveautés et de compléter nos rayons en fonction de leurs souhaits. Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre quotidien ? Notre quotidien est fait de rencontres et de discutions. Aucun jour ne se ressemble. Cela nous nourrit et l'accueil très chaleureux et bienveillant de nos lecteurs est notre plus belle récompense. Si vous aviez 5 livres à nous conseiller, quels seraient-ils ? Pour le côté "feel good" : Les gens heureux lisent et boivent du café de Agnès Martin Lugand : on aime cette auteure pour sa bienveillance et ses histoires prenantes. Pour le côté vrai : La Petite menteuse de Pascale Robert-Diard : quand la victime devient l'accusé. Pour la nouveauté : Malgré toute ma rage de Jeremy Fel: un récit dur et une fin époustouflante comme je les aime. Pour le côté psychologique : Juste une ombre de Karine Giebel : la montée crescendo de la pression psychologique. Pour le côté "local" : Les corps conjugaux Sophie de Baere (rethéloise d'origine) : pour son écriture très fine et les sujets délicats abordés. [ean13_conseils | 9782266300872,9782493909404,9782743660475,9782266238571,9782253935094]

Auteurs et illustrateurs répondent à nos questions autour de leur dernier livre. Découvrez leurs livres de chevet, leurs conseils de lectures, et plongez dans les coulisses de leur travail.

Entretiens